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Elle passe plus de 500 jours dans une grotte à 70 mètres de profondeur, mais pourquoi ?

Une sportive espagnole de l’extrême est revenue à l’air libre vendredi matin après avoir passé, en deux fois, un total de 500 jours dans une grotte naturelle, coupée du monde à 70 mètres de profondeur. Mais pourquoi ? 20 Minutes vous revient sur ce qui est, selon la presse espagnole, le record mondial dans cette catégorie de la plus grande durée passée sous terre dans un isolement total.

Comment Beatriz Flamini est-elle descendue dans la grotte ?

Beatriz Flamini a indiqué être descendue le 21 novembre 2021 dans une cavité située à 70 mètres sous terre et quelque 10 km de Motril, une petite ville située dans le sud de l’Andalousie (région sud de l’Espagne). Elle y aura passé un total de 508 jours si on exclut les deux journées de la descente et de la remontée.

Mais selon plusieurs médias espagnols, dont le quotidien El País, la quinquagénaire a dû interrompre cette expérience et remonter environ une semaine à la surface pour des raisons ayant trait à sa sécurité, avant de redescendre dans cette grotte. L’AFP n’a pas été en mesure d’obtenir une confirmation de l’athlète ou de son entourage, mais dans des déclarations à un de ces médias, elle a admis être remontée, assurant avoir passé ce laps de temps seule et en isolement. Beatriz Flamini, qui s’est portée volontaire pour une expérience scientifique, est remontée à la surface avec l’aide de spéléologues. Elle est apparue souriante en retrouvant la lumière du jour ce vendredi 14 avril.

Qu’a-t-elle fait pendant 500 jours ?

Vendredi, lors d’une conférence de presse, Beatriz Flamini a expliqué qu’elle disposait simplement de livres, d’une lumière artificielle et de caméras pour enregistrer son expérience, mais qu’elle n’avait eu ni téléphone, ni appareil pour savoir l’heure ou le jour de l’année. 

L’athlète espagnole, qui a confié avoir bu 1.000 litres d’eau, a été ravitaillée par une équipe qui laissait les vivres dans un coin de la grotte afin d’éviter toute rencontre. Dans l’une de ses vidéos, Beatriz, qui a été vendredi enlacée par ses proches à sa sortie de la cavité naturelle, explique avoir passé son temps sous terre à faire des exercices pour rester en forme. Ella a aussi peint, lu 60 livres dessiné et tricoté, dit-elle, des bonnets en laine. Comme le note El País, elle a également fêté deux fois son anniversaire.

Pourquoi Beatriz Flamini a-t-elle mené ce défi ?

Le séjour de Beatriz Flamini dans cette cavité de la sierra andalouse a été suivi par des scientifiques grâce à deux caméras. Il s’inscrivait dans le cadre d’une expérience scientifique destinée à évaluer l’impact physique et mental d’un isolement total et d’une perte de repères temporels de longue durée. Lors d’une conférence de presse organisée à Motril environ deux heures après sa sortie définitive de la cave, Beatriz Flamini, qui s’est excusée plusieurs fois pour ses difficultés à trouver ses mots.

« Des défis de ce genre, il y en a eu beaucoup, mais aucun avec toutes les caractéristiques de celui-ci : seule et dans un isolement total, sans contact avec l’extérieur, sans lumière (naturelle), sans référence au temps », a commenté David Reyes, membre de la Fédération andalouse de spéléologie, qui était chargée de la sécurité de l’athlète.

Pour sa part, le ministre espagnol du tourisme, Héctor Gómez, a salué, dans une interview à la télévision publique espagnole (TVE), la performance de l’athlète, décrivant « une manifestation de résistance extrême ». A noter qu’en 1962, le Français Michel Siffre avait tenu cinquante-neuf jours seul. En 2021, un groupe de 15 Français a passé quarante jours en communauté, pour étudier la perte de repères temporels. Beatriz Flamini a aujourd’hui retrouvé l’air libre.

Quels ont été les premiers mots de Beatriz Flamini ?

« Cela fait un an et demi que je ne parle à personne, que je suis seule avec moi-même », a déclaré vendredi Beatriz Flamini, lors d’une conférence de presse à Motril. Celle qui a passé 500 jours sous terre a également qualifié l’expérience « d’excellente » et « d’incomparable »… malgré une invasion de mouches. Durant son séjour à 70 mètres de profondeur, l’alpiniste et grimpeuse accomplie a également expliqué que « ce n’est pas que le temps passe plus vite ou plus lentement, c’est que le temps ne passe pas du tout parce qu’il est tout le temps 4 heures du matin ». Et d’expliquer encore avoir perdu toute notion de temps au 65e jour.

« C’était un environnement plutôt sûr mais il est hostile pour le cerveau humain parce qu’on ne voit pas la lumière du jour, a encore expliqué Beatriz Flamini. On ne voit pas le temps passer. Vous n’avez plus de référence ni de stimulation sonore. C’est toujours le même silence et les mêmes gouttes qui tombent. »