France

« Complexité », « manque d’accompagnement », nos lecteurs témoignent de la difficulté à obtenir des prestations sociales

Chaque année en France, ce sont près de 10 milliards d’euros de prestations sociales qui ne sont pas réclamés par de potentiels bénéficiaires, correspondant à environ 30 % des Français. « J’ai toujours eu du mal à savoir et connaître mes droits », commente Philippe. Il considère ainsi, comme près de 4 Français sur 10, que le manque d’informations est la première cause du non-recours aux aides sociales dans notre pays, selon le baromètre de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), publié le 12 avril.

La seconde raison la plus avancée, précise la Drees, par près d’une personne sur quatre, est la complexité des démarches. Jean-Jacques, lui, nous explique par exemple que même s’il est à l’aise avec « les outils informatiques », il note une grande « complexité, une incohérence dans l’ergonomie de certaines plateformes officielles ou du service public ». Il souligne, un brin moqueur, qu’on « a juste l’impression qu’elles ont été créées pour décourager, voire désespérer le citoyen de s’en servir. »

Jungle numérique

La question de la numérisation des aides sociales est d’ailleurs centrale. Même si Philippe a la « chance d’être équipé et suffisamment instruit pour [se] débrouiller », il indique avoir croisé « des personnes sans tout cela. » Il se dit d’ailleurs scandalisé d’apprendre que « 10 milliards d’euros ne sont pas distribués » chaque année et que des familles en pâtissent. C’est principalement le cas pour les plus âgés d’entre nous qui sont moins habitués aux outils informatiques, relève judicieusement Jean-Jacques.

Ces éléments sont bien identifiés par les autorités et les observateurs. Ainsi, la Drees précise que « l’Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore) distingue cinq formes principales de non-accès aux droits et services ». En plus du non-recours aux prestations par non-connaissance et par « par non-demande » à cause d’un désintérêt pour la prestation ou d’une lassitude face aux démarches complexes, les bénéficiaires potentiels connaissent d’autres difficultés. Ils peuvent ne pas mener une démarche à son terme, ne pas se voir proposer des prestations par les agents ou tout simplement manquer d’accompagnement dans l’accès aux aides sociales.

Manque d’accompagnement

C’est ce que met en avant Sylvie en nous racontant que c’est « une assistante sociale qui [lui] a dit [qu’elle avait] droit à la prime d’activité ». Au moment de son témoignage, elle nous indiquait toujours attendre la réponse pour son attribution. La lassitude est également perçue dans le témoignage de Jacky qui est remonté contre le manque de réponse de la CAF « malgré plusieurs relances ».

De même pour Philippe qui constate que le manque d’informations sur les prestations sociales est « surtout dû au fait que les agents qui nous reçoivent ne nous informent de rien concernant d’éventuelles prestations auxquelles nous pourrions bénéficier. »

Fin mars, le gouvernement a annoncé une simplification dans le versement de certaines allocations et certains dispositifs peuvent vous permettre de savoir à quelles prestations sociales vous pourriez avoir droit comme sur le site mesdroitssociaux ou mesallocs.fr.