France

Commission d’enquête sur la mort de Colonna : La surveillante se défend de tout manquement

Une surveillante de la prison d’Arles, qui avait signalé des comportements inquiétants du meurtrier d’Yvan Colonna avant son agression, s’est défendue devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale de tout manquement, selon un compte rendu mis en ligne lundi.

La commission d’enquête avait découvert que cette surveillante avait entendu, le 1er mars 2022, la phrase « je vais le tuer » dans une conversation de trois détenus dont Franck Elong Abé. Elle avait aussi constaté que ce dernier « vidait sa cellule ».

Ces informations étant absentes des données transmises par l’administration pénitentiaire et n’ayant pas été mentionnées lors des auditions à l’Assemblée, le député nationaliste de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva, président de cette commission, avait fait part devant la presse le 15 mars de ses « plus grandes interrogations » quant à la « possible tentative d’effacement de ces données ».

Entendue à huis clos devant la commission le 4 avril, la surveillante a confirmé avoir entendu « je vais le tuer » mais expliqué ne pas l’avoir signalé dans le logiciel de suivi individuel des détenus, « précisément parce que je ne savais pas qui avait parlé, ni de qui il parlait ».

Le rapport de la commission est attendu en mai

Elle indique cependant avoir « rendu compte » de l’information oralement à son supérieur hiérarchique, qui avait fait passer au sien. « Quelles certitudes aviez-vous que l’information » a bien été transmise ?, insistent les députés, s’étonnant qu’il n’y ait pas de trace écrite de cette information « assez grave » alors que d’autres, « plus insignifiantes », comme « un don de paquets de pâtes » entre détenus, y figurent. « Le premier surveillant est revenu me voir pour me dire qu’il avait transmis les informations. Je respecte l’ordre hiérarchique », répond la surveillante.

Concernant la seconde information sur le « changement de comportement » de Franck Elong Abé, elle soutient par contre avoir fait une observation écrite. Elle ne figure pas dans « l’extraction du logiciel », souligne le président Acquaviva. « Vous êtes vraiment sûre de l’avoir mentionnée ? » La surveillante confirme, avant de nuancer. « J’ai peut-être mal validé ou fait une mauvaise manipulation », dit-elle, précisant là aussi l’avoir signalé oralement à sa hiérarchie.

On lui demandera après l’agression de rédiger un compte rendu (le 11 mars), puis un second « plus détaillé » (le 21 mars) sur ces faits. « Depuis plusieurs semaines, j’avais remarqué que le comportement de la personne détenue Elong Abé avait changé. En effet ce dernier diminuait le nombre d’objets dans sa cellule et lorsque je lui ai fait remarquer, il m’avait répondu qu’effectivement il faisait du vide », est-il écrit.

Le rapport de la commission est attendu en mai. Le 2 mars 2022, Yvan Colonna, qui purgeait une peine de prison à perpétuité à Arles pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, avait été violemment agressé par Franck Elong Abé, 36 ans, qui purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans pour des faits de nature terroriste. Franck Elong Abe est mis en examen pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste. L’enquête judiciaire suit son cours.