France

CanneSeries 2023 : Que vaut « Tapie », la série Netflix portée par Laurent Laffite ?

Une minisérie librement adaptée de la vie de Bernard Tapie. Les deux premiers épisodes de Tapie (le titre initial Wonderman a été abandonné puisque les droits appartiennent à Marvel), fiction cocréée par le réalisateur Tristan Séguéla et le romancier et scénariste Olivier Demangel, ont été projetés ce dimanche soir dans la prestigieuse salle de l’auditorium Louis-Lumière du Palais des festivals. Cette fiction, attendue le 13 septembre sur Netflix, est déjà au cœur d’une polémique. « Je t’arrête tout de suite, c’est non ! », avait déclaré le principal intéressé avant son décès lorsque Tristan Séguéla lui avait annoncé son projet de biopic, rapporte le JDD. « L’irrespect n’a pas de limite » a vilipendé sa fille, Sophie Tapie, sur Instagram. Alors que vaut cette minisérie, à la lumière des deux premiers épisodes que 20 Minutes a vus à CanneSeries ?

« C’est un personnage très complexe, et il est intéressant parce qu’il est complexe. Il ne s’agit pas d’en faire un saint, ni de le charger non plus, mais essayer d’être le plus objectif possible pour raconter son parcours incroyable », a défendu Laurent Lafitte, qui incarne magistralement Bernard Tapie à l’écran et coproduit la fiction, sur le tapis rose du festival azuréen.

Cette minisérie en sept volets commence en 1966 alors que Bernard Tapie tente de percer dans la chanson, jusqu’à 1997, quand il se retrouve en prison. Le pensionnaire de la comédie française espère avoir fait le portrait « le plus objectif possible, avec toute la fascination qu’il peut provoquer, mais aussi les questions, les interrogations, les zones d’ombre, la malice, l’intelligence. »

Une minisérie qui assume sa part de fiction

Au début de chaque épisode, un disclaimer rappelle que la minisérie s’inspire de faits réels, mais romance et modifie certains détails concernant la vie privée de l’ancien patron de l’OM. Tapie assume pleinement sa part de fiction : Stéphane et Nathalie, les deux enfants nés de la première union de Tapie, deviennent un seul personnage, Stéphanie, dans la série.

Les deux premiers épisodes dressent le portrait d’un fringant jeune homme, débordant d’idées et d’énergie, aussi baratineur que charismatique. Ce fils d’un chauffagiste de banlieue, en manque de reconnaissance paternelle, rêve de s’extraire de sa condition, sans renier ses origines prolétariennes.

Téméraire en affaires, désarmant en amour

Il s’essaie d’abord à la chanson, participant à un télécrochet aux côtés de Michel « Polonareff », puis se lance dans la vente d’électroménager, dans la création d’un service d’assistance médicale, et enfin, ans le rachat d’entreprises en difficulté pour la somme symbolique d’un franc. « Tapie ! Souvenez-vous bien de ce nom parce qu’il y aura un avant et un après », fanfaronne-t-il, tenace, lorsqu’on lui claque la porte au nez. Le deuxième épisode prend parfois l’allure d’une comédie romantique lorsqu’il dépeint la relation naissante entre l’homme d’affaires et Dominique, sa seconde épouse.

La séance de projection s’est achevée avec une pluie d’applaudissements. Rythmée, drôle et touchante, servie par un casting impeccable (Joséphine Japy, Fabrice Luchini, Ophelia Kolb), Tapie dresse le portrait d’un homme, certes parfois bonimenteur, mais hors du commun. Pas sûr que Bernard Tapie n’aurait pas apprécié !