France

Alcool, tabac, drogues… Les jeunes privilégient leur santé

On comprend mieux pourquoi les chansons à boire n’ont plus le succès qu’elles avaient dans les années 1980-1990. En effet, les jeunes boivent moins, fument moins et se droguent moins, selon les données de la dernière enquête Escapad menée par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) auprès de « 23.701 filles et garçons âgés de 17,4 ans en moyenne ». L’étude a été menée en mars 2022 auprès de jeunes participant à la Journée défense et citoyenneté. En voici les principaux enseignements.

La cigarette est de moins en moins cool

En 2022, moins d’un jeune sur deux (46,5 %) avait expérimenté la cigarette à 17 ans alors qu’ils étaient près de 3 sur 5 (59 %) à l’avoir fait en 2017. C’est simple, « la consommation de tabac a fortement baissé entre 2017 et 2022, quelle que soit la fréquence de consommation considérée », constate l’OFDT. Ainsi l’usage quotidien du tabac concerne 15,6 % des personnes interrogées contre 25,1 % cinq ans avant. La décrue est impressionnante. Pas de différences notables entre les sexes au niveau de l’expérimentation et de l’usage récent mais une plus faible proportion de filles fument quotidiennement (14,2 %) ou intensément, à savoir plus de 10 cigarettes par jour (2,3 % contre 5 % pour les garçons). En revanche, les jeunes femmes ont davantage recours à la cigarette électronique avec « un niveau d’usage quotidien multiplié par six sur la période (6,3 % contre 0,9 %) », note l’OFDT.

L’alcool n’irrigue plus les jeunes

Même topo puisque, selon Escapad, « les usages d’alcool parmi les jeunes de 17 ans se caractérisent par un recul généralisé de l’ensemble des indicateurs d’usage ». Mieux, « en 2022, près d’un adolescent sur cinq (19,4 %) a déclaré n’avoir jamais bu d’alcool de sa vie ». De même, les alcoolisations ponctuelles importantes (API) appelées plus communément binge drinking ou biture express, chutent chez les jeunes. Ainsi, seuls 36,6 % des jeunes ont eu une API au cours des 30 derniers jours, contre 44 % en 2017. Là encore, comme pour les cigarettes, la consommation régulière d’alcool est plus prégnante chez les garçons que chez les filles. Ainsi, elles « sont deux fois moins nombreuses à déclarer boire 10 fois ou plus au cours du mois ».

Depuis que je fume plus d’shit

Comme Stupeflip, les jeunes ont renoncé à la fumette. « En 2022, la baisse de l’usage de cannabis amorcée depuis 2014 se confirme, quelle que soit la fréquence d’usage : l’expérimentation recule de près de 10 points par rapport à 2017 (29,9 % contre 39,1 %) », indique l’observatoire. De même, il note « une prédominance masculine d’autant plus forte que la fréquence de consommation est élevée ». Concernant les autres drogues, là aussi, les usages sont en baisse et ne concernent plus que 3,9 % des jeunes contre 6,8 % cinq ans avant. Objets d’une forte attention médiatique, la lean ou purple drank (sirop de codéine mélangé avec du soda) et le protoxyde d’azote ne sont utilisés que par quelques jeunes sur 100.

Des différences selon le statut social

« Les données Escapad 2022 confirment des niveaux d’usage fréquent plus importants parmi les adolescents en apprentissage et ceux sortis du système scolaire par rapport aux élèves scolarisés dans le secondaire », relève ainsi l’OFDT. Ce qui est frappant pour le tabac. Ainsi « l’usage quotidien se répartit selon un gradient allant de 10,1 % parmi les élèves des lycées généraux et technologiques à 22,1 % parmi les élèves des lycées professionnels, puis de 38,6 % chez les apprentis à 43,5 % parmi les jeunes sortis du système scolaire. » Les plus fragiles socialement sont également les plus vulnérables aux conduites addictives.