France

Accusé de « briser la grève », Vertbaudet devant le tribunal

Mardi, quelque 70 salariés de l’entrepôt Vertbaudet de Marquette-lez-Lille, dans le Nord, ont entamé leur sixième semaine de grève, soutenus par le syndicat CGT dans leur revendication de revalorisation salariale. Et c’est aussi mardi que l’enseigne de puériculture comparaissait devant le tribunal de Lille, assignée par le syndicat qui l’accuse de remplacer les grévistes en ayant recours à l’intérim.

Peu après le début de la grève, le 20 mars dernier, l’union locale CGT de Tourcoing a dénoncé l’arrivée en masse d’intérimaires sur le site logistique de Marquette. Dans un premier temps, le syndicat affirmait que « 139 » intérimaires avaient été recrutés pour « casser la grève ». Pour prouver ces allégations, les grévistes ont demandé, et obtenu deux jours plus tard, la visite sur place d’un inspecteur du travail. Ce dernier a envoyé ses constatations par mail à la direction et à la CGT le 7 avril. Mail que 20 Minutes a pu consulter et dans lequel l’inspecteur du travail explique : « Ainsi, pour la période du 27 au 31 mars 2023 je suis en mesure d’établir que 43 salariés intérimaires étaient en poste avant le début du conflit ; 84 intérimaires ont été recrutés pour remplacer 82 grévistes ».

La grève reconduite « unanimement »

A l’audience de mardi, la direction du site contesté tout embauche illégal et donné au président les mêmes arguments qu’à l’inspecteur du travail. Que les intérimaires ont été utilisés pour le remplacement de 43 salariés en CDI « dont le contrat de travail est actuellement suspendu pour arrêt maladie, congé parental, congé sabbatique, congés payés, accident de travail ». Selon l’AFP, l’avocate de Vertbaudet a fait état devant le tribunal de « témoignages de l’ensemble des autres syndicats : CFE-CGC, FO et CFTC », attestant que la direction « n’a pas remplacé les salariés grévistes ».

Au tribunal, l’avocate de l’enseigne a aussi évoqué un « accroissement temporaire de l’activité » qui justifiait le recours à l’intérim. Elle a ajouté qu’une autre opération promotionnelle doit intervenir à partir de ce mercredi jusqu’au 2 mai. Le recours aux intérimaires est « toutefois bien inférieur aux objectifs initiaux » et « en recul de 136 personnes » par rapport à la même période de 2022, souligne Vertbaudet.

La décision du tribunal est attendue pour jeudi prochain. Elle devra établir si, oui ou non, Vertbaudet a effectivement eu recours à l’intérim pour remplacer les grévistes. Notons que l’inspecteur du travail avait rappelé à la direction que « le droit de grève est un droit constitutionnel » et que « les articles L.1242-6 et 1251-10 du Code du travail interdisent le recours aux salariés sous contrat à durée déterminée et aux travailleurs intérimaires pour remplacer les grévistes. » De leur côté, les grévistes « ont décidé unanimement de reconduire la grève », déclarait, mardi soir, la CGT.