Belgique

« Vous avez insulté le Coran » : vives tensions au procès des attentats à Bruxelles, l’audience brièvement suspendue

« Je refuse qu’on dise que j’ai insulté le Coran! », s’est exclamé le premier. Et le deuxième de surenchérir : « On subit nous ici! On a rien fait du tout! »

« Vous êtes des assassins! », leur a crié la victime, avant que la présidente ne décide de suspendre l’audience le temps que les esprits se calment. « Je peux comprendre votre souffrance mais ça ne sert à rien », avait dit Laurence Massart à Walter Benjamin juste avant cela.

À la reprise des débats, une vingtaine de minutes plus tard, Osama Krayem n’était plus présent dans le box des accusés. Mohamed Abrini, lui, a tenu à prendre la parole à l’issue du témoignage du quinquagénaire. « On aurait pu éviter ce genre d’incident », a estimé « l’homme au chapeau ». « À Paris, il est aussi arrivé que des survivants traitent les accusés d’assassins mais le président de la cour les rappelait à l’ordre. Il disait ‘stop, il n’y a pas d’assassin dans le box’. Moi, je suis coupable, pas besoin d’attendre le verdict pour le dire. Mais il y a des gens ici qui n’ont rien à voir… »

« Je me débrouille pas trop mal jusqu’ici, monsieur Abrini », lui a rétorqué Laurence Massart. « Il y a peut-être des fois où je ne suis pas tout à fait top, mais je fais de mon mieux », a-t-elle ajouté, rappelant sa longue expérience à la présidence de cour d’assises.

Me Laura Pinilla, l’avocate de Mohamed Abrini, a également tenu à revenir sur les propos du témoin. Walter Benjamin s’en était pris nommément à son co-plaideur Me Stanislas Eskenazi, lui reprochant d’avoir déclaré que défendre les accusés de ce procès était « un honneur ». « On nage en plein délire, c’est la honte des avocats! », s’était-il offusqué.

« Nous avons tous deux un respect immense pour les victimes et leur histoire. Mais il ne me semble pas normal ni correct qu’un avocat se retrouve presque sur le banc des accusés pour avoir fait son boulot. Ça va trop loin. Une limite a été franchie. Nous faisons notre métier », a commenté la pénaliste.