Belgique

« Une prouesse qui nous place dans le top européen »: la moitié du réseau ferroviaire belge désormais équipé d’un contrôle de vitesse

Dans la nuit de samedi à dimanche, les équipes d’Infrabel ont procédé à la mise en service du système ETCS sur la ligne Liège-Namur. Désormais, quelque 3 333 kilomètres de voies sont équipés de ce dispositif de sécurité, soit 52 % du réseau. “Une prouesse qui nous place dans le top européen. La Belgique est en tête du classement !”, se réjouit Benoit Gilson, CEO d’Infrabel. Seul le Luxembourg fait mieux, avec 100 % de son réseau déjà converti. La Belgique vise une couverture complète d’ici 2025.

Pour le voyageur, l’ETCS ne signifie pas grand-chose. Cet acronyme anglais (European Train Control System, ou Système européen de contrôle des trains) désigne le dispositif qui assure la sécurité du réseau ferroviaire en collectant les données de l’infrastructure et en les transmettant aux trains.

Ainsi, lorsqu’une locomotive circule sur une portion équipée de l’ETCS limitée à quarante kilomètres par heure, son compteur est bloqué à cette vitesse.

Infrabel procède au test du système de contrôle permanent de la vitesse des train. le ETCS.
Infrabel procède au test du système de contrôle permanent de la vitesse des train. le ETCS. ©MICHEL TONNEAU

Une sorte de ‘cruise control’

Le contrôle vaut aussi pour les feux de signalisation. À l’approche d’un feu rouge, le conducteur du train reçoit le signal bien avant le dispositif lumineux et la vitesse du train est adaptée en amont. Si le conducteur ne ralentit pas, la machine prend le dessus et modifie automatiquement la vitesse de manière à éviter le franchissement du feu rouge.

Il a fallu, pour cela, équiper les centaines de kilomètres d’infrastructures afin de permettre l’échange des informations. Les chiffres de l’installation du système montrent bien l’ampleur de la tâche. Sur cette seule portion de la dorsale wallonne de 122 kilomètres, on compte 1 400 petites balises placées au sol. Il a aussi fallu installer une quarantaine de loges destinées aux équipements informatiques, monter quarante antennes GSM-R (Infrabel travaille sur son propre réseau).

C’est une sorte de ‘cruise control’ adaptatif, comme on le connaît pour les voitures. Selon les données transférées par l’infrastructure, le train adapte automatiquement sa vitesse”, expose Frédéric Sacré, porte-parole d’Infrabel. Un moyen, surtout, de pallier les erreurs humaines. Chaque année, Infrabel enregistre entre 50 et 100 traversées de feu rouge. Tous ne présentent toutefois pas le même degré de risque. Une dizaine de ces infractions présentent un danger réel d’accidents.

La Belgique a rattrapé son retard

Le début de l’implémentation de ce système de sécurité remonte à 2013, soit trois ans après la collision survenue entre deux trains de Buizingen, qui avait coûté la vie à 19 personnes et blessé 125 autres. La commission d’enquête avait conclu alors que le rail belge n’est pas assez sécurisé. La Belgique devait alors rattraper son retard. “À l’époque, seul le chauffeur avait la possibilité d’arrêter le train en actionnant le frein. Nous avons alors mis une place un autre système mais clairement l’ETCS est ce que l’on fait de mieux”, assure Benoit Gilson. Un accident tel que celui survenu en Grèce le 28 février, où ont péri 57 personnes, ne pourrait pas arriver.

Pour le conducteur, ce système renforce fortement la sécurité, assure Maximilien, conducteur de train chez Infrabel depuis dix ans. Nous nous sentons accompagnés, et donc nous sommes plus à l’aise. L’ETCS réduit au minimum le risque d’erreur du conducteur. C’est clairement positif pour les conducteurs.

Le système ETCS est en outre uniformisé au niveau européen. Cela veut dire que les trains pourraient circuler sans interruption à travers l’espace européen lorsque l’ensemble du réseau ferroviaire sera libéralisé. À condition que tous les pays aient atteint le même niveau d’équipement, ce qui est encore loin d’être le cas.