Belgique

Un triumvirat à la tête du MR ? “Georges-Louis Bouchez ne mesure pas à quel point il est en danger, sa position ne tient plus qu’à un fil”

Comme La Libre l’a révélé lundi dernier, même la diplomate Sophie Wilmès, l’ancienne Première ministre, commence à en avoir assez. Lors du dernier bureau de parti, elle a dénoncé l’omniprésence du jeune Montois dans la communication du parti. Un axe s’est donc structuré chez les libéraux pour tenter de cadrer l’omniprésidence de Bouchez, une question qui se pose presque depuis le début de son mandat à la tête du MR. Ce noyau dur se compose de Sophie Wilmès, donc, de Pierre-Yves Jeholet (le ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles) et de Willy Borsus (ministre wallon de l’Économie), très discret sur la question auprès des journalistes mais très actif en coulisses.

”Willy Borsus est la personne la plus déterminée”

Beaucoup de choses se disent pour l’instant, beaucoup de scénarios circulent, confie une source libérale de premier plan. D’une minute à l’autre, les choses changent. Mais une chose est claire : Willy Borsus est la personne la plus déterminée à obtenir un changement. Sa position au gouvernement wallon est délicate et Georges-Louis critique son bilan, ce qui crée des tensions.

À côté de la volonté de plus en plus inflexible de Willy Borsus, Pierre-Yves Jeholet et Sophie Wilmès semblent, à ce stade, plus souples. “Pierre-Yves Jeholet fluctue : il est motivé et puis un peu moins. Et inversement. Sophie est agacée par Georges-Louis mais son obsession est de savoir ce qui est le mieux pour le parti. Elle estime qu’une décision mal calibrée à l’égard de la présidence pourrait faire pire que mieux”, complète notre informateur.

guillement

Sophie Wilmès est agacée par Georges-Louis mais son obsession est de savoir ce qui est le mieux pour le parti. »

Un triumvirat à la tête du MR ?

Si vraiment aucune solution ne pouvait être trouvée dans les prochaines semaines (au plus tard, fin novembre, au moment de la fin du terme normal du mandat présidentiel), il faudra sortir l’arme atomique : un changement à la tête de la formation politique. Willy Borsus pourrait jouer un rôle, mais pas seul. L’une des pistes consiste placer un triumvirat à la tête du MR : Sophie Wilmès, Willy Borsus, Pierre-Yves Jeholet. Mais sans forcément se débarrasser Georges-Louis Bouchez. Ce dernier pourrait garder un rôle, “mais sans que l’on puisse s’accorder pour l’instant sur la nature de ce rôle”.

Nos sources au MR déplorent le déni dans lequel se serait enfermé Georges-Louis Bouchez à l’égard de la force de la contestation interne. “Georges-Louis est quelqu’un d’extrêmement intelligent. Mais il est dans un schéma de victimisation, il trouve que l’on s’acharne contre lui. Il a fusionné sa personnalité et la présidence du MR, confie un libéral. C’est cela qui rend tout le monde fou en interne, il ne distingue plus les deux. Cette fusion implique une concentration extrême du pouvoir. Et il ne veut pas comprendre… Il ne mesure pas à quel point il est en danger. Sa position ne tient plus qu’à un fil.

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Georges-Louis est dans un schéma de victimisation, il trouve que l’on s’acharne contre lui. Il a fusionné sa personnalité et la présidence du MR, confie un libéral. C’est cela qui rend tout le monde fou en interne, il ne distingue plus les deux. »

La discrète emprise de Sophie Wilmès sur les décisions importantes du MR

La note de “GLB” pour le bureau exécutif

La messe n’est toutefois pas dite : Georges-Louis Bouchez peut éteindre l’incendie en acceptant lui-même des concessions, entend-on. Un bureau exécutif du MR est prévu dès ce dimanche soir afin d’examiner ses propositions. Selon nos informations, le président libéral a élaboré une première note (dont le contenu peut encore évoluer d’ici dimanche soir).

Que trouve-t-on dans ce document ? Trois éléments sont abordés : 1) la prolongation de son mandat ; 2) des propositions de fonctionnement pour la gestion de la campagne électorale et la composition des listes ; 3) il ouvre le jeu à plus de concertation interne pour l’organisation des négociations avec les autres formations politiques en vue de la constitution de nouvelles majorités.

Georges-Louis Bouchez voudrait cependant garder la main sur les négociations gouvernementales, plus que sur la campagne en elle-même. “S’il n’ouvre pas plus le jeu, il va avoir un problème, croit savoir un “baron” du parti. Il veut imposer sa marque dans les futures négos. Or, c’est justement cela qui fait peur aux cadres du parti : on pense tous qu’il peut faire gagner le MR aux élections mais pas mener correctement les négociations qui suivront.

guillement

Il veut imposer sa marque dans les futures négos. Or, c’est justement cela qui fait peur aux cadres du parti.« 

Si le document élaboré par Georges-Louis Bouchez devait tout de même satisfaire Sophie Wilmès, Willy Borsus et Pierre-Yves Jeholet lors du bureau prévu dimanche soir, un conseil de parti (organe décisionnel interne au MR qui comprend un large panel de mandataires) sera alors convoqué lundi matin pour approuver officiellement la prolongation d’un an de la présidence de Georges-Louis Bouchez.

Que va faire Charles Michel? La question taraude le MR

Bouchez garde des soutiens : “Ce n’est pas la première fois qu’un président du MR est contesté”

Attention, le président libéral n’est pas sans soutien au sein de son parti. Si plusieurs élus restent très critiques à l’égard du style Bouchez, beaucoup le défendent. “On est entré en phase de dramatisation pour forcer l’atterrissage, forcer une solution, ça, c’est clair”, analyse un autre poids lourd du MR qui est persuadé que “GLB” pourra se maintenir en place.

Certains commencent également à regretter cette fronde interne qui ne dit pas son nom. Puisqu’il semble si compliqué d’accepter une prolongation d’un an du mandat présidentiel, pourquoi ne pas, alors, convoquer des élections internes pour la fin de cette année ? “Encadrer sa présidence, concilier, tout ça ce sont des beaux mots, s’agace un député pourtant sceptique à l’égard de Georges-Louis Bouchez. Il faut aussi qu’on lui laisse aussi de la visibilité en tant que président. Georges-Louis sait très bien que, s’il y a une élection interne, il la gagnera. Et ses détracteurs n’osent pas y aller franchement, du coup… Drôle d’état d’esprit. Allons aux élections alors ! On fait du tort au parti en laissant traîner les choses de la sorte. La famille Michel a lâché Bouchez. Charles a été actif tout l’été pour dire tout le mal qu’il pense de lui, mais il n’a pas de solution de remplacement. On a l’impression de réécrire l’histoire, ce n’est pas la première fois qu’un président du MR est contesté. Vous vous souvenez de la fronde en 2014 quand on est entré en majorité avec la N-VA ? Et ce qu’a vécu Didier Reynders lorsqu’il était à la tête du parti ? Tout cela semble oublié… Les autres présidents n’étaient pas plus appréciés.

guillement

La famille Michel a lâché Bouchez. Charles a été actif tout l’été pour dire tout le mal qu’il pense de lui, mais il n’a pas de solution de remplacement.« 

DURBUY, BELGIUM - SEPTEMBER 11 :Family day MR in Adventure Valley, Georges-Louis Bouchez president Reformist Movement MR and Sophie Wilmes (MR), Willy Borsus Vice-President of Wallonia, Minister for the Economy, Foreign Trade, Research and Innovation, Digital, Agriculture, Spatial Planning, IFAPME and Competence Centres. of Walloon Regional Government (MR) and Charles Michel president EU Council Reformist Movement MR pictured on SEPTEMBER 11, 2022 in Durbuy, Belgium, 11/09/2022 ( Photo by Philip Reynaers / Photonews
Les poids lourds du MR arriveront-ils à refaire l’unité dans leurs rangs ? ©PRE