Belgique

Un quart des députés pensionnés du Parlement wallon contournait le plafond de pensions

Je ne condamne pas ce qui a été fait dans le passé. Je vois qu’au fil du temps il y avait de moins en moins de décisions fondamentales soumises au bureau. Dans une commune, c’est tout juste si, pour acheter une gomme, il ne faut pas une décision de Collège, avec toute une série de contrôles. Ici ça n’existait pas. C’est pour ça que j’ai proposé que l’on engage un réviseur pour mettre en place des procédures de contrôle interne. J’ai demandé aussi qu’on recrute un directeur financier. Il aura la responsabilité de la gestion financière. Ça me paraît être la base.

Est-ce que vos prédécesseurs ont joué leur rôle ?

Est-ce que j’aurais fait, moi, autrement ? Sans doute pas, parce que les informations que l’on connaît aujourd’hui n’étaient pas connues à l’époque. Quand j’ai entendu parler des plaintes, je suis tombé de ma chaise.

Des députés reconnaissent, de manière très discrète, qu’ils savaient.

Moi, je n’étais pas là avant. Lorsque je suis devenu chef de groupe en 2019, personne ne m’a parlé de ça. L’été dernier, une députée m’a dit qu’il y avait des problèmes et m’a demandé si elle pouvait rencontrer le personnel du greffe. Je lui ai dit que c’était aussi pour ça que nous étions là.

Est-ce qu’on peut parler de Jean-Claude Marcourt ? Est-ce qu’il fait peur ? Il a fait partie du jury pour choisir le mobilier et certains membres du Bureau disent qu’ils n’ont pas eu tous les éléments. On peut se demander s’il a fait son travail correctement ?

Je n’ai pas de problèmes avec Jean-Claude Marcourt, et je n’ai pas demandé sa place. Il a fait son travail, je suppose, en pleine confiance avec le greffier.

André Frédéric sur le Parlement wallon: “Un Parlement n’est ni un comité des fêtes ni une buvette »

Il y a aussi l’affaire des bonus pensions des députés. Qu’en est-il pour le Parlement wallon ?

J’ai tout de suite demandé une étude juridique pour savoir si notre situation était la même qu’à la Chambre. Nous n’avons pas le même système de bonus pour les anciens présidents d’assemblée. Pour les anciens députés, par contre, c’était la même chose. J’ai donc proposé au Bureau la suspension de l’article du règlement qui permet un dépassement de pensions. Je l’ai suspendu pour rester prudent et ne pas se planter après. On voudrait que je prenne des mesures comme une poule sans tête qui court dans tous les sens. La caisse de pensions du Parlement de Wallonie verse 99 pensions, dont neuf pensions de survie. La pension moyenne chez nous est en brut de 2 327, 27 euros et en net de 1 501, 81 euros. Un quart des députés qui touchent une pension dépassent le plafond Wijninckx.

Tout ça va être modifié pour ces personnes ?

C’est fait, depuis le mois de mai, ils ne dépassent plus. J’ajoute que je ne connais pas les noms des gens concernés.

Comment redorer l’image du Parlement wallon après toutes ces affaires ?

En prenant toutes les mesures nécessaires comme nous le faisons. C’est un Parlement, pas un comité des fêtes, ni une buvette. Un Parlement doit avoir un certain nombre de conditions pour exercer son travail avec rigueur et contrôle. Je rappelle aussi qu’en tant que chef de groupe, au mois de novembre, j’avais aussi proposé de créer une Commission de la comptabilité, ce que nous avons fait. Je n’ai aucun mérite, il en existe une à la Chambre.

Elle ne se réunit pas beaucoup…

Elle s’est déjà réunie, mais elle ne va pas se réunir toutes les semaines pour le plaisir, il faut qu’elle ait quelque chose à faire. Et c’est là que les débats auront lieu, pas sur Facebook. Nous devons montrer que nous prenons les choses en main et que nous n’avons rien à cacher. Nous ne sommes pas un Parlement de seconde zone. Nous avons pris des décisions importantes pendant la crise covid, après les inondations ou pendant la crise énergétique. Ça m’énerve que notre image se réduise à une extension et au prix des chaises. Je ne dis pas que ce n’est pas trop cher mais ne mélangeons pas tout. Ça m’énerve que notre travail fondamental soit tourné en dérision. Ça fait du mal à l’institution et à la démocratie. C’est peut-être l’objectif de certain de faire en sorte de créer un déséquilibre total et d’aborder le grand soir mais, moi, je suis membre d’un parti qui prend ses responsabilités sans attendre le grand soir en jetant des pierres sur les acteurs qui sont sur la scène.

Vous visez le PTB. Le PS attendait aussi le grand soir ?

Oui, mais il y a longtemps (rires).

Qui sont ces ex-députés qui ont validé le dépassement du plafond des pensions parlementaires