Belgique

Un front des bourgmestres des communes à facilités s’oppose à “la nouvelle attaque de Ben Weyts” contre les francophones

Cette plateforme en ligne permettra aux notaires, mais aussi à des particuliers, de connaître l’état urbanistique de n’importe quel bâtiment. L’avancée est réelle en termes de simplification administrative. Bémol de taille : les documents y seront exclusivement en néerlandais.

Plusieurs bourgmestres des communes à facilités ont récemment été informés par courrier du fait que, pour obtenir ces documents en français, il sera nécessaire d’effectuer une démarche auprès de la commune, qui devra effectuer elle-même la traduction des textes après leur réception.

L’un des principes des communes à facilités, rappelons-le, consiste à permettre l’obtention des documents administratifs dans une autre langue officielle que celle de la Région dans laquelle réside le citoyen.

L’affaire est prise très au sérieux par les élus de la périphérie.

Weyts veut s’attaquer aux subsides francophones qui atterrissent en Flandre

Sophie Wilmès intervient au sein du MR

Sophie Wilmès, ancienne Première ministre et actuelle échevine à Rhode-Saint-Genèse, a mis la question sur la table au sein de son parti, en tant que présidente du MR périphérie. Elle voit dans cette nouvelle plateforme une nouvelle négation de la législation au détriment des francophones.

Pierre Rollin (bourgmestre de Rhode-Saint-Genèse), a quant à lui envoyé un mail aux autres bourgmestres des communes à facilités afin de les coaliser. Le mot d’ordre : rejeter ce nouveau système en Collège ou en Conseil communal. Il semble suivi.

Nous, les bourgmestres de la périphérie, nous opposons à cette mesure en front commun , assure Alexis Calmeyn bourgmestre de Drogenbos. Nous allons consulter un avocat pour arrêter une position. Mais il est clair que ce nouveau système contrevient aux précédents arrêts du conseil d’État.”

L’information doit pouvoir être accessible en français dans les communes à facilités”, estime Bertrand Waucquez, bourgmestre de Kraainem.

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C’est le fruit d’une mouvance, incarnée par Ben Weyts, qui essaye par tous les moyens de s’attaquer aux régimes de facilités, de les réduire à peau de chagrin, pour au final les supprimer. »

”J’applaudis sur le principe ce nouveau système informatique, mais c’est un système dissuasif pour les habitants qui voudraient recevoir leurs documents en français. En fait, certains en Flandre en profitent pour essayer de couper les possibilités des communes à facilités d’utiliser les facilités administratives qu’offre la Flandre”, pointe Frédéric Petit (MR), bourgmestre de Wezembeek-Oppem. “C’est le fruit d’une mouvance, incarnée par Ben Weyts (N-VA, ministre flamand en charge de la périphérie bruxelloise), qui essaye par tous les moyens de s’attaquer aux régimes de facilité, de les réduire à peau de chagrin, pour au final les supprimer.

Edgar Fonck, défenseur des intérêts de la minorité francophone en région flamande : « Le français gagne du terrain en Flandre”

« Nous ne voulons pas étendre les facilités”

Nous ne voulons pas étendre les facilités à toute la Flandre, en proposant des plateformes bilingues en version standard. Les plateformes du Gouvernement flamand sont en principe néerlandophones et non bilingues”, rétorque le porte-parole de Ben Weyts, ministre flamand du Vlaams Rand (périphérie bruxelloise).

Le principe des facilités, ce n’est pas neuf, déplaît fortement aux nationalistes flamands.

Le bourgmestre de Wezembeek-Oppem voit même dans ce nouveau changement le nouvel épisode d’une stratégie offensive “bien pensée” qui va encore s’intensifier à l’approche des élections. “Dans la même logique, nous avons reçu un courrier disant que nous ne pouvions pas tenir de registre linguistique dans notre commune. Le conseil d’État définit pourtant ces registres comme la base pour envoyer des courriers aux francophones en français. Et à Wezembeek, près de la moitié de la population a demandé à avoir ses documents administratifs en français. Cette stratégie flamand s’est aussi illustré avec le nouveau Omgevinglocket (guichet environnement”, reprend le bourgmestre de Wezembeek-Oppem.

Cette réforme flamande ambitieuse a en effet numérisé le processus de demande de permis pour déclarer une véranda, une annexe ou une piscine. Ces permis devaient toutefois, initialement, nécessairement être introduits en néerlandais. Après de fortes pressions des bourgmestres, les réclamations peuvent désormais se faire en français. Mais plusieurs bourgmestres jugent lacunaire l’adaptation consentie.

Un projet flamand visant à réserver l’acquisition de logements aux gens du cru dans la périphérie bruxelloise a encore récemment fait monter la pression. Ses auteurs, dont à nouveau Ben Weyts, ont invoqué une visée sociale. Défi, qui attaque le texte en justice, le juge “anti-francophone”.

De quoi craindre en périphérie bruxelloise, à un an des élections, une nouvelle escalade des tensions linguistiques .