Belgique

Sévère pénurie de vétérinaires de garde: “Des clients doivent parcourir 50 ou 80 kilomètres pour sauver leur animal”

« Les propriétaires d’animaux doivent aller de plus en plus loin pour trouver un vétérinaire de garde. Il n’est pas rare que des gens doivent parcourir 50 ou 80 kilomètres pour que leur animal puisse être pris en charge. Dans mon cabinet de Charleroi, je reçois des clients qui habitent au-delà de Couvin et de la botte de Givet. Le problème c’est que quand on vous appelle à trois heures du matin pour une prise en charge et que l’animal se trouve à 80 kilomètres, c’est une heure de perdue. En plus, les propriétaires doivent souvent appeler plusieurs services avant d’en trouver un d’ouvert ce qui leur fait perdre encore plus de temps », explique-t-il.

« Avoir un vétérinaire à quelques kilomètres de chez soi et qui est toujours prêt à intervenir, c’est quelque chose qui est en train de disparaître. Dans quelques années, on trouvera ça normal de parcourir 50 kilomètres pour trouver un professionnel de la santé animale. L’aspect convivial/médecin de famille, c’est fini. Il faudra trouver d’autres solutions », affirme le spécialiste.

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Sébastien De Jonge, président de Sans Colliers se trouve de l’autre côté de la barrière : parmi les clients réguliers. « Parfois, c’est une vraie galère. On doit appeler plusieurs cliniques avant d’avoir une réponse alors qu’on a des cas lourds sur les bras. On se retrouve souvent dans des cliniques différentes où on doit à chaque fois expliquer la situation. Moins il y a de vétérinaires disponibles, plus on multiplie les intervenants et plus on perd en efficacité au niveau des soins. On finit toujours par trouver quelqu’un mais en cas de torsion d’estomac par exemple, chaque minute compte. C’est donc une vraie préoccupation. »

Selon le co-président de l’UPV la crise de la vocation dépasse largement les frontières de la Belgique. « C’est une évolution qui est presque mondiale. En France, il y a de gros trous dans certaines régions. On parle même de déserts médicaux, y compris pour les animaux. Les pouvoirs publics ont investi pour tenter d’inverser la tendance. En Belgique, on n’y est pas encore mais on essaye de réfléchir à des solutions pour ne pas avoir à en arriver là et mieux organiser les services de garde. »

Les conditions de travail jugées pénibles et l’agressivité de certains clients ne sont pas étrangères à la crise. « Pour les jeunes, c’est très difficile. Ils se réveillent à trois heures du matin pour que le client refuse finalement de payer les soins et leur reprochent de ne pas suffisamment aimer les animaux. C’est très difficile à entendre évidemment. Beaucoup de jeunes craquent pour cette raison. »