Belgique

Qui sera le prochain Premier ministre ? Alexander De Croo n’a pas dit son dernier mot

Cette semaine, il est clairement entré en campagne. Lundi, il a présenté son nouveau livre (publié en néerlandais) dans lequel il adresse un message positif aux Belges : « Waarom het beste nog moet komen » (« Pourquoi le meilleur est encore à venir”). Alexander De Croo y précise son ambition pour notre pays dont il loue les qualités. Un message convenu, certes, mais qui dénote sa volonté de se placer au-dessus de la mêlée. En restant suffisamment lisse, il préserve aussi son image d’homme d’État pour la suite.

Mais les espoirs d’Alexander De Croo pourraient être déçus. L’Open VLD, le parti du chef de la Vivaldi, sombre dans les sondages. Le malaise est profond. Face à la N-VA dans l’opposition au fédéral, les libéraux flamands ne trouvent pas le ton juste. Déboussolé par une coalition gouvernementale aux côtés de la gauche socialiste et écologiste, l’Open VLD échoue à la septième et dernière place dans les intentions de vote en Flandre… La mauvaise santé des libéraux flamands est un boulet que traîne leur figure de proue.

Le cas Rousseau : à méditer…

Mais, en politique, un retournement est toujours possible. Le condamné d’un jour peut être le vainqueur de demain et les étoiles peuvent déchoir soudainement. Pensons à l’éclatement du personnage médiatique que Conner Rousseau s’était créé. Il y a quelques mois encore, son nom figurait dans les castings pour le “16”. L’ancien président de Vooruit, entendait-on, allait coiffer sur le poteau son camarade Paul Magnette si le poste de Premier ministre revenait aux socialistes en 2024. Le château était toutefois bâti sur du sable… Les propos racistes de “King Connah”, ses tentatives de museler la presse, ont détruit son image. Acculé, il a dû démissionner.

La démission de Conner Rousseau rebat les cartes de la politique flamande… et fédérale

De longues, très longues, affaires courantes…

À moins qu’il ne décroche l’un des “top jobs” européens distribués l’été prochain, Alexander De Croo pourrait rester Premier ministre après les élections, faute d’accord. La composition de la prochaine coalition s’annonce complexe. Et c’est un euphémisme. Avec la montée en puissance des populistes, à gauche comme à droite, la marge de manœuvre des partis traditionnels se révélera probablement rabougrie. Les combinaisons de partis permettant de rassembler une majorité de députés à la Chambre ne devraient pas être nombreuses. Sauf surprise, la Belgique s’achemine vers une longue, très longue, période d’affaires courantes. En attendant de sortir de cette crise politique, Alexander De Croo pourrait alors rester en place.

Au-delà de la perspective d’affaires courantes interminables, il faut également se souvenir que le « 16 » s’obtient dans les discrets salons du pouvoir fédéral, c’est-à-dire par la négociation. Lors de la formation d’un gouvernement, il arrive un moment où le nom du futur Premier ministre doit être déterminé. La logique est celle de l’échange : chaque parti renonçant au poste suprême de la politique belge veille à obtenir de gras portefeuilles ministériels en compensation.

Alexander est très fort lorsqu’il s’agit de scorer dans les derniers jours d’une négociation. C’est un sprinter, pas un marathonien. Les chances d’un De Croo 2 ne sont pas grandes mais la messe n’est pas dite. Par exemple, Rousseau est hors-jeu”, glisse une source haut placée. Imaginons que la formule vivaldienne (PS, Vooruit, MR, Open VLD, Écolo, Groen, CD&V) soit rééditée en 2024, Alexander De Croo pourrait la conditionner à son maintien en place.

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Les chances d’un De Croo 2 ne sont pas grandes mais la messe n’est pas dite. Par exemple, Rousseau est hors-jeu.« 

Alexander De Croo prêt à rester Premier ministre après les élections de 2024: « Il y a énormément de travail sur la table »

Une gestion dans le temps long

Alexander a conscience de la chance qu’il a eue en 2020 de pouvoir devenir Premier ministre, confie un proche. Il a pris le job car d’autres le voyaient dans le costume, Nollet et Magnette lui ont dit d’y aller. Depuis octobre 2020, il veut démontrer qu’il est la bonne personne au bon endroit. S’il arrive à démontrer qu’il a réussi comme chef de gouvernement à traverser les crises, alors il sera candidat à sa reconduction. Il veut inscrire la gestion de la Belgique dans le temps long. Il pourrait être celui qui aura mis la Belgique dans la meilleure position possible pour le bicentenaire du pays en 2030.

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