Belgique

Procès des attentats de Bruxelles: la force de l’amour et du pardon chez le basketteur Sébastien Bellin

Sept ans plus tard, il est plus fort que jamais. “Je suis devant vous non comme une victime mais en tant que survivant”, a-t-il proclamé lors de son témoignage de la cour d’assises, avant de se tourner vers les sept accusés : “Je vous tends la main avec la puissance du pardon”.

Avec sa grande silhouette et son sourire empreint de sérénité, Sébastien Bellin est un homme qui rayonne. Il dégage une indéniable force intérieure. Il personnifie la résilience. “Je ne sens plus rien à ma jambe gauche. […] Ma carrière de haut niveau appartient au passé mais je continue d’essayer de repousser mes limites dans le mental et le physique”, dit-il après s’être assis à la table des témoins.

Le 22 mars 2016, il devait prendre un vol pour New York, pour y faire une présentation de son entreprise. Après sa carrière de basketteur, avec deux amis, il avait créé “une petite boîte” de Livestream de basket. Après avoir reçu sa carte d’embarquement, il entend “une explosion incroyable derrière moi”, suivie d’un effondrement du plafond et de “cris épouvantables”. Plutôt que rejoindre la porte principale de l’aérogare, il choisit de courir vers le point de contrôle des passeports car il sait qu’il y a des policiers. “Malheureusement, j’ai couru vers la deuxième bombe. Cette bombe qui m’a déchiré les deux jambes.”

À deux doigts de la mort

Il est “à deux doigts de la mort”,n’entend plus rien”. Il perd 50 % de son sang. Un militaire lui met un garrot à la chambre droite. Des personnes qui auraient pu s’échapper lui amènent un chariot sur lequel il se hisse. “J’ai reçu beaucoup d’humanité. J’ai vu une force humaine inouïe. C’est cette positivité, cet amour de la vie qui m’a sauvé”, dit-il.

À l’hôpital, il ressent au visage une “sensation incroyable de mal”. Il demande un miroir, pensant être grièvement brûlé. Il comprend : “Dans l’ambulance, j’avais commencé à mourir et le secouriste m’a frappé très fort pour me garder éveillé”. Il tient à rendre hommage au personnel soignant : “J’ai eu la chance d’être entouré par des gens extrêmement humains, avec de la compassion, de l’amour. Cet amour vit toujours en moi. Ces bombes, ces atrocités n’ont pas pu éteindre cela en moi”.

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Le travail de reconstruction est long : “Treize opérations avec anesthésie, sans compter les petites opérations”. Une photo, projetée devant la cour, le montre de dos dans une chaise roulante dans un couloir d’hôpital. Une petite fille pousse la chaise, qui est plus grande qu’elle. Une autre, plus âgée se trouve sur la droite. Ce sont les deux filles – âgées de 3 ans et 7 ans lors des attentats – de Sébastien Bellin.

”L’amour guérit tout”

”Comment vont-elles ?”, lui demande la présidente de la cour. Il y a un long silence. Sébastien Bellin est terrassé par l’émotion. Il retient visiblement ses larmes. Il se reprend : “Mes deux filles vont super bien”, dit-il dans un souffle. Et de poursuivre : “C’est grâce à elles que je suis toujours là avec la volonté d’avancer. L’amour guérit tout”.

Aujourd’hui, il a accepté son handicap. Ce fut un long chemin : “Sur mon lit d’hôpital, je devenais fou. Je n’avais pas accepté mon handicap”. Il suit toujours trois séances de kiné par semaine. En 2022, il a réussi un premier défi : l’Ironman de Hawai (4 km de natation, 180 km de vélo et un marathon). Il aide des entrepreneurs belges pour mettre en valeur les technologies.

Il a tenu à s’adresser aux accusés. “Aujourd’hui, j’ai décidé de vous pardonner. En pardonnant, je me détache des atrocités dont vous êtes accusés. […] Au lieu de me détruire, vous avez créé en moi un homme avec une énergie énorme de compassion, de tolérance, d’ouverture d’esprit, une humanité encore plus puissante, une humanité que deux bombes n’ont pu atteindre en moi.”

Pour Sébastien Bellin, “le pardon est la dernière étape de ma guérison”. Les médecins, dit-il, “m’ont réparé”. On a le meilleur système de santé du monde. “Par contre guérir, c’est plus compliqué. En vous pardonnant, c’est la dernière étape de ma guérison. Il n’y a aucune place pour la revanche et la haine.”

Et de conclure : “Je vous tends la main avec la puissance du pardon. Le pardon pour vous ce sera peut-être la première longue étape à la guérison. Je suis prêt à vous aider”.