Belgique

« Les stéréotypes de genre restent très présents » en politique

Mais les temps changent, s’est-elle réjouie mardi, veille de la journée internationale des droits des femmes, alors qu’elle présentait avec son homologue de la Chambre, Eliane Tillieux (PS), les résultats d’un audit sur l’égalité des genres au sein du Parlement fédéral.

Un temps de parole moindre pour les femmes

À l’issue des élections de 2019, 43 % des membres de la Chambre étaient des femmes, contre 19 % en 1999 et 7 % en 1974. C’est la première fois (depuis 2020) que la Chambre et le Sénat sont présidés simultanément par des femmes. Autre première rappelée par Mme D’Hose : le gouvernement fédéral est composé de plus de femmes que d’hommes.

La pension des femmes est 23 % moins élevée que celle des hommes. Mais chez les célibataires, les femmes touchent plus que les hommes

La Belgique est plutôt une bonne élève de la classe européenne. Elle est cinquième avec un score de 74,2 sur 100, selon l’index de l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (le score de 100 correspond à une égalité parfaite).

Il n’en reste pas moins que des progrès doivent encore être réalisés. La présidente du Sénat pointe un “problème de mentalité”. En 2022, 38 % des prises de parole lors des débats en séance plénière de la Chambre sur des textes divers étaient le fait de femmes. C’est bien plus que les 16 % recensés en 1999-2000, mais cela reste inférieur à leur représentation au sein de l’hémicycle.

Responsabiliser les partis politiques

Si l’on regarde les commissions parlementaires, on constate que celles des Finances, de la Défense ou de l’Économie sont majoritairement composées d’hommes, tandis que les commissions Santé ou Affaires sociales sont majoritairement féminines. “Les stéréotypes de genre sont très présents dans la distribution des rôles” entre les députés, souligne Eliane Tillieux.

Selon l’analyse fine de Benjamin de Vet et Robin Devroe, chercheurs à l’université de Gand, les femmes interviennent nettement moins que les hommes en séance plénière sur la politique de Défense ou les dossiers macroéconomiques, pourtant elles posent autant de questions parlementaires écrites sur ces sujets. La différence en termes de prise de parole n’est donc pas liée à un moindre intérêt des femmes pour ces dossiers, mais à des choix posés par les groupes politiques.

Eliane Tillieux et Stephanie D’Hose ont annoncé mardi qu’un plan d’action en matière d’égalité des genres pour le Parlement fédéral était en cours d’élaboration, qu’un référent “genre et diversité” serait désigné et qu’une charte en faveur de plus d’égalité allait être rédigée. La politologue Emilie Van Haute (ULB), invitée à commenter l’audit, a estimé pour sa part qu’il fallait aussi responsabiliser les groupes politiques, et donc les partis, par le biais de leur financement public.