Belgique

Le ton monte entre les médecins généralistes et Frank Vandenbroucke: « Nous sommes inquiets pour la sécurité des patients et des médecins »

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Les médecins de toute la Wallonie en ont assez et prévoient donc une manifestation le mercredi 28 juin prochain. Instauré en 2012, le 1733 (le numéro d’appel pour les médecins généralistes de garde) joue pour rappel un rôle précieux au niveau du tri et de l’aiguillage des patients.

Cette situation est intenable et risque de devenir littéralement catastrophique »

“D’une manière générale, nous dénonçons le mépris dont font preuve les autorités fédérales à l’égard des médecins généralistes. Et nous sommes inquiets pour la qualité de la médecine générale et la sécurité des patients et des médecins, fustige la Fédération des Associations de Généralistes de la région wallonne (FAGW). Une surcharge lors des gardes de nuit entraîne une fatigue telle chez le médecin qu’il pourrait offrir une moins bonne qualité de soins en journée. C’est dangereux pour la sécurité du patient et du médecin, mais aussi pour la qualité de la médecine générale. De plus, dans les zones rurales, cela aggrave la pénurie en diminuant l’attractivité et en faisant fuir les médecins dont les nuits sont devenues incompatibles avec le travail de médecine générale en journée”.

Une situation intenable

L’association dénonce également la réorganisation des gardes de médecine générale, les problèmes posés par la nouvelle obligation de mobiliser deux médecins à la place d’un seul, ainsi que de laisser les postes médicaux de garde (PMG) ouverts toute la nuit. “Ce numéro a pour fonction de trier les patients et de rediriger les urgences vitales vers les services d’urgence, c’est un outil précieux et important pour les patients”, explique pour sa part Guy Delrée, président de la fédération des associations de généralistes de Wallonie.

Concrètement, le système actuel contraint les généralistes de garde à être réveillés jusqu’à dix fois sur la nuit, alors qu’avec un tri efficient, ils ne seraient réveillés en moyenne qu’une à deux fois par nuit. Une situation qui génère stress, fatigue et démotivation chez les médecins déjà très sollicités.

“Un médecin généraliste sur deux travaille aujourd’hui entre 50 et 64 heures par semaine, cette situation est intenable et risque de devenir littéralement catastrophique suite à certaines des décisions des autorités, déplore la députée Sophie Rohonyi (Défi) qui a interpellé le ministre de la Santé à la Chambre ce mardi. Je pense en particulier à l’accord sur les quotas INAMI qui aggravent la pénurie de médecins, malgré le départ très prochain à la retraite de 15 % des généralistes, tout comme cette exigence que les gardes du 1733 soient désormais assurées de jour comme de nuit par deux médecins et la suppression du tri spécifique à la nuit profonde lors de gardes en sont également les causes”.

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