Belgique

Le kern recale le plan de Nicole De Moor pour créer 2 000 places d’accueil de migrants : “Le nombre de places à Bruxelles est disproportionné”

Le kern (comité ministériel restreint) s’est penché ce vendredi sur le “Plan d’asile et de migration pour l’hiver”, piloté par Nicole De Moor (CD&V). Dans le planning actuel, la secrétaire d’État à la Migration Nicole De Moor (CD&V) a proposé au gouvernement la création de 1 932 places supplémentaires d’ici au mois de mars 2024 dans le réseau de Fedasil et de ses partenaires

Le plan, que la Libre a pu consulter, n’a pas été approuvé en l’état. Le MR, via le Vice-Premier ministre David Clarinval, ainsi que le PS, via le Pierre-Yves Dermagne, se sont opposés à la répartition proposée par la secrétaire d’État. Motif : le nombre de places réservées à Bruxelles est jugé disproportionnée.

Quelque 627 places à Ixelles et Forest

Dans le document présenté en kern, une large partie de ces places se trouvent en effet sur le territoire de la Région bruxelloise. À eux seuls, les centres de Forest et Ixelles sont censés offrir 627 places supplémentaires – 407 à Ixelles et 220 à Forest – auxquelles il faut ajouter 12 nouvelles places à Laeken, 35 à Bordet et 13 à Schaerbeek. En d’autres termes, 687 des 1 932 nouvelles places seront localisées dans la capitale.

Les ministres fédéraux n’ont toutefois pas, à strictement parler, le pouvoir d’empêcher la création de ces places puisque les discussions actuelles se déroulent avec les pouvoirs locaux. Tout récemment, par exemple, le démarrage des sites de Forest et d’Ixelles a été confirmé et communiqué à l’administration locale, selon un document interne du gouvernement.

Le plan prévoit par ailleurs 300 nouvelles places à Charleroi, 62 à Braine-le-Comte, 18 à Verviers, 80 à Glons, 20 à Jabbekke, 300 à Ypres, 100 à Grimbergen, ou encore 135 à Gand,

Nous avons pris acte du plan, mais il n’est pas complet et nous ne l’avons pas approuvé tel quel, souligne David Clarinval. Vu sa population, Bruxelles devrait représenter 10 à 15 % des places d’accueil, mais la proportion atteint 30 % pour Bruxelles, 40 % en Flandre et 30 % en Wallonie. Le nombre de places d’accueil d’urgence à Bruxelles est disproportionné. Il y a clairement une surreprésentation. Le MR trouve que Bruxelles fait plus que sa part. Nous avons demandé un standstill et un monitoring, pour mieux évaluer où ouvrir les places dans le futur. Cela a été entendu mais ça doit être encore mis en place. Nous voulons un rééquilibrage pour que l’effort se fasse au prorata de la population de chaque région, même s’il est normal que la capitale du pays fasse un effort.”

Pierre-Yves Dermagne (PS), Vice-Premier ministre demande quant à lui “une répartition équitable entre les régions ». « Le plan doit donc être revu et complété.”

Écolo insiste de son côté sur l’importance de créer un nombre de places suffisant. “Ce qui compte pour les écologistes, c’est que celles et ceux qui ont droit à l’accueil puissent toutes et tous en bénéficier, et ce dans de bonnes conditions, que ce soit à Bruxelles, en Wallonie ou en Flandre. C’est une question de dignité. C’est pourquoi nous continuons de nous battre pour la création de nouvelles places et la libération de places existantes”, nous indique Georges Gilkinet.

Le plan parait très difficile à avaler pour les libéraux bruxellois.

guillement

”Le MR refuse de faire tanguer le bateau Bruxelles au point qu’il chavire. Répartir, c’est garantir un meilleur accueil à tous. La politique d’asile est une politique fédérale, la répartition de l’accueil doit être juste. Bruxelles ne peut assumer cette charge seule. Sans rééquilibrage, pas d’accord.”

”Le MR refuse de faire tanguer le bateau Bruxelles au point qu’il chavire, a réagi David Leisterh, président du MR bruxellois. Répartir, c’est garantir un meilleur accueil à tous. La politique d’asile est une politique fédérale, la répartition de l’accueil doit être juste. Bruxelles ne peut assumer cette charge seule. Sans rééquilibrage, pas d’accord.”

Suspension de l’accueil des hommes seuls: une décision du Conseil d’État attendue, un revers pour Nicole de Moor annoncé

« Il y a bien une répartition »

Le cabinet de Nicole De Moor reconnait sans peine que « Bruxelles fait beaucoup en termes d’accueil des migrants ».

« Il y a bien une répartition, assure le porte-parole de la secrétaire d’État. Une centaine de centres d’accueil collectif sont répartis dans tout le pays et 500 des 581 municipalités organisent des initiatives locales d’accueil sur leur territoire. C’est le cas également en Flandre. Dans les communes où le CD&V fait partie de l’administration, nous avons pris nos responsabilités, comme à Berlaar ou à Jabbeke, et cette semaine encore dans les centres de jeunesse à Beersel et Kasterlee. »

Depuis l’automne 2022, les personnes vulnérables (familles avec enfants et mineurs non accompagnés) sont hébergées, mais une liste d’attente subsiste pour les hommes seuls.

Nicole de Moor, avait d’ailleurs annoncé à la fin août que les hommes seuls ne seraient plus accueillis temporairement dans le réseau Fedasil, une décision cassée par le Conseil d’État cette semaine.

Dans l’ensemble de l’Union européenne, le nombre de demandes d’asile a augmenté de 30 % jusqu’à présent. Pour la Belgique, les chiffres restent relativement stables mais très élevés en chiffres absolus.

Le réseau d’accueil n’a jamais été aussi grand sur le plan structurel, avec actuellement plus de 34 000 places d’accueil collectif et individuel.