Belgique

”En Belgique, on ne sait pas combien de personnes souffrent du diabète, c’est un problème”

Le 14 novembre est la journée internationale du diabète. Le mois de novembre est ainsi traditionnellement mis à profit pour multiplier les initiatives de sensibilisation face à cette maladie chronique. Des actions de dépistage sont par exemple prévues dans des structures de soins, comme les hôpitaux et les maisons médicales, ou dans les pharmacies. C’est dans ce contexte que le réseau de pharmacies Multipharma a mis en ligne ce test pour évaluer le risque de développer un diabète de type 2.

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Le diabète de type 2 est de loin le plus fréquent

Il s’agit du test de dépistage Findrisc (Finnish Diabetes Risk Score), validé au niveau international par les professionnels de santé du diabète, et accessible également sur le site de l’Association du diabète. “Le diabète de type 2 constitue […] un véritable enjeu de santé publique car plus la maladie est dépistée tôt et traitée, meilleures sont les chances d’éviter les complications parfois redoutables, commente le groupe Multipharma dans un communiqué. Plus le diagnostic est posé tôt, plus les mesures (des conseils hygiéno-diététiques éventuellement complétés par un traitement) peuvent être mises en place rapidement. C’est pourquoi c’est une bonne idée de calculer votre risque de développer un diabète de type 2.”

Le diabète est une maladie chronique qui affecte la manière dont le corps régule le taux de sucre (glucose) dans le sang. Le diabète de type 2 se caractérise par une production insuffisante d’insuline ou une résistance du corps à celle-ci (l’insuline est une hormone produite par le pancréas permettant aux cellules d’assimiler correctement le glucose).

Le diabète de type 2 est “le plus fréquent” – il “concerne 85 % à 90 % des personnes diabétiques” – “et sa prévalence (c’est-à-dire le nombre de cas répertoriés dans une population donnée) est en augmentation, décrit l’Association du diabète sur son site. Le diabète de type 2 apparaît généralement après l’âge de 40 ans, raison pour laquelle on l’appelle aussi ‘diabète de la maturité’. Toutefois, depuis quelques années, on l’observe aussi chez des enfants et des adolescents en surpoids ou obèses.”

De plus en plus de cas diagnostiqués

”En 2021, 6,8 % de la population belge (environ 770 000 personnes, NdlR) avaient un diagnostic de diabète selon la base de données [de l’Agence intermutualiste]”, indique un rapport de l’institut de santé publique Sciensano (”Sciensano. Maladies Non Transmissibles : Diabète, Health Status Report, 13 Juin 2023, Bruxelles, Belgique”), publié le 13 juin. “La prévalence du diabète diagnostiqué augmente avec l’âge et est plus élevée chez les hommes, surtout dans les tranches d’âge plus élevées.”

Mais en une quinzaine d’années, “de 2007 à 2021”, poursuit le rapport, “la prévalence du diabète diagnostiqué a augmenté dans les trois régions [du pays], en raison à la fois du vieillissement de la population et d’une véritable augmentation du risque de développer un diabète qui pourrait être lié à une augmentation du surpoids ou de l’obésité. La prévalence du diabète [lissée en fonction de l’âge de la population des trois régions] a augmenté [sur cette période] de 25 % en Région wallonne et de 24 % en Région de Bruxelles-Capitale et en Région flamande.”

La nécessité d’une politique de données efficace

”En Belgique, on n’a toujours pas de registre du diabète, regrette Nicole Pirotte, directrice générale de l’Association du diabète. On ne sait pas combien de personnes souffrent du diabète. On n’a que des données parcellaires fournies par les mutuelles (via l’Agence intermutualiste, NdlR). C’est un problème. Un tel registre, qui reprend le nombre précis de personnes suivies pour diabète, existe dans des pays nordiques. Il pourrait influencer les politiques de santé et conditionner les budgets.”

Le Belgian Diabetes Forum, qui rassemble divers acteurs du paysage du diabète en Belgique, met justement en avant, dans son Livre blanc publié en septembre 2020, la nécessité d’une politique de données efficace. “Nous sommes assis sur une montagne de données de santé, venant de dossiers médicaux, de pharmaciens, de mutualités… mais nous les utilisons si peu”, déplore le Livre blanc, qui plaide pour “intégrer ces données et [en] tirer des conclusions : quels sont les besoins, qu’est-ce qui va bien, qu’est-ce qui ne va pas bien, que faut-il ajuster ? Sans les bonnes données, mener une politique revient à jouer aux devinettes.”

Le Livre insiste aussi sur la nécessité d’investir dans la prévention et le dépistage, dans l’amélioration des traitements, l’accessibilité des soins ou encore le développement d’une approche adaptée aux enfants.

Un nouveau trajet de soins pour diabétiques

Au niveau politique, le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), annonçait, il y a dix jours, le lancement d’un “trajet de démarrage diabète” à partir du 1er janvier prochain. Un trajet de soins, de manière générale, consiste à offrir au patient atteint d’une pathologie déterminée une offre de soins multidisciplinaire autour du médecin généraliste. “Dans le cadre de ce trajet de démarrage, toutes les personnes atteintes de diabète (diagnostic de type 2) – qui ne participent pas à un trajet de soins spécialisé pour le diabète – auront droit à quatre séances gratuites d’éducation au diabète par an, à deux visites gratuites chez le diététicien et, si elles présentent un risque accru pour les pieds, à deux visites gratuites chez le podologue”, détaillait le ministre, qui a débloqué une enveloppe de 6,3 millions d’euros à cet effet. “On s’attend à ce que plus de 250 000 personnes puissent bénéficier du trajet de démarrage.”​

Comment les soins intégrés entendent révolutionner le domaine de la santé

Ce nouveau trajet vient en fait remplacer le “pré-trajet diabète de type 2”, qui existait déjà, mais “restait sous-utilisé”, selon l’Inami (l’Institut national d’assurance maladie-invalidité). “Le trajet de démarrage [est] une consolidation du pré-trajet grâce à une organisation renforcée [des] soins et un remboursement élargi.”

Enfin, le ministre Vandenbroucke avait aussi annoncé le 26 octobre que l’Ozempic serait dorénavant réservé uniquement aux patients atteints de diabète de type 2 et d’obésité sévère. Ce médicament connaît une pénurie au niveau mondial en raison de ses effets sur la perte de poids.

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