Belgique

Critiqué pour ses propos sur le “régime méditerranéen”, Bernard Clerfayt assume: “Il faut oser dire les choses”

Pour mémoire, il a dit, suite à une question du journaliste : “il y a encore beaucoup de femmes en Région bruxelloise qui sont dans un modèle méditerranéen, modèle familial où c’est Monsieur qui travaille et Madame qui reste à la maison”. Bernard Clerfayt a encore constaté qu’il y a 10 points de pourcentage entre les hommes et les femmes bruxellois(e) s au chômage à Bruxelles. “C’est une réalité. C’est le cas pour les Italiens d’origine aussi. J’encourage à changer ces mentalités car tout le monde se trouve mieux s’il travaille. L’émancipation des femmes fait aussi qu’elles ont le droit d’avoir un travail”, a-t-il poursuivi.

« Inacceptables », « révoltants »: les propos de Bernard Clerfayt sur « les femmes bruxelloises et le modèle méditerranéen » suscitent un tollé

Contacté par la rédaction, le ministre “assume”. “Et les chiffres confirment ce que je dis. Dénoncer un fait n’est pas stigmatiser. Et je n’ai pas à m’excuser de la déformation de mes propos par certains partis politiques. Cela ne change rien à ma détermination de travailler à l’émancipation de toutes et de tous et continuer à améliorer le taux d’emploi des femmes en Région bruxelloise”, assure-t-il, avant de s’appuyer sur la réalité statistique.

”C’est un fait, le taux d’emploi des femmes est plus faible que celui des hommes malgré un niveau d’éducation plus élevé. C’est le cas partout en Belgique mais l’écart est plus important en Région bruxelloise (10 points de pourcentage d’écart), tout de suite suivi de la province du Hainaut (9,5 points de pourcentage d’écart). Cet écart statistique s’explique notamment par un plus faible taux de participation des femmes au marché de l’emploi. C’est plus qu’en Flandre et en Wallonie. Et les derniers chiffres de Statbel nous révèlent également qu’en Région bruxelloise, le taux de chômage des femmes qui participent au marché de l’emploi est moins élevé que celui des hommes.”

”Remplaçons ‘méditerranéen’ par ‘traditionnel’”

L’utilisation du mot “méditerranéen” a choqué. Bernard Clerfayt peut le comprendre. “Remplaçons-le par ‘traditionnel’ alors. Bien sûr, il existe des différences structurelles dans la manière dont les femmes sont accueillies dans la société, sur le marché du travail. Mais cet accès à l’emploi dépend aussi du modèle société traditionnel qui insinue que le manque de places en crèche ne pénalise que les femmes, que les familles monoparentales sont constituées à 86 % de femmes seules. Ceci relève aussi du modèle de société traditionnel. Les crèches, c’est pour les parents. Pas que pour les femmes.”

Bernard Clerfayt assure n’avoir voulu choquer personne, stigmatiser aucune communauté. Mais “il faut oser dire les choses. Statistiquement, le taux de participation des femmes au marché du travail dans les populations maghrébines et turques, mais aussi dans les populations grecques ou albanaises – donc méditerranéennes – est plus faible. Comme ce taux est aussi plus faible dans certaines catégories de population que l’on peut retrouver à Woluwe-Saint-Pierre ou à Uccle”.

Taux d'emploi des femmes à Bruxelles en 2020.
Taux d’emploi des femmes à Bruxelles en 2020. ©IBSA

Autre statistique dénichée par Bernard Clerfayt : “le dernier rapport d’Unia dévoile que le taux d’activité (le taux de participation au marché du travail, NdlR) des femmes immigrées natives atteint 68,8 % à Bruxelles. Celui des femmes immigrées non européennes atteint 50,8 %. Cela montre bien qu’à côté des problèmes structurels (manque de place en crèches, emploi mal rémunéré, etc.), qu’à côté des discriminations systémiques, le taux de participation des femmes est plus faible.”