Belgique

Concours 2024 en sciences vétérinaires : les raisons du blocage

Tout part du recours introduit après la dernière épreuve devant le Conseil d’État, par une étudiante qui n’avait pas obtenu le feu vert, et dont le cas a finalement été résolu par ailleurs. Le problème se trouve dans l’un des arguments développés par les avocats de la plaignante. Parmi les motifs du recours en annulation figurait en effet le constat suivant : le concours ne respecte pas le décret qui le régit.

Ce dernier prévoit que les questions portent sur la matière du deuxième quadrimestre et que la moitié d’entre elles soient communes aux quatre universités concernées, afin que les étudiants soient sur un pied d’égalité. Or il n’en est rien dans la réalité. Et si ce manquement n’est pas réparé rapidement, les recours risquent bien de pleuvoir après la prochaine édition de l’épreuve.

Le concours est suspendu à un accord entre universités

La liberté académique des universités

“Les universités concernées sont bien sûr au courant de la situation, rapporte Tatiana Art. Mais celle-ci est plus complexe qu’il n’y paraît.” On pourrait se dire “y a qu’à”, mais en fait non. Ce qui coince relève de la liberté académique dont jouissent les universités pour organiser leurs cours.

Comme les mêmes cours ne sont pas forcément donnés dans le même ordre, la matière du deuxième quadrimestre n’est pas pareille partout. “On compte environ 10 % de matière commune pendant cette période de l’année”, relève-t-elle encore. Et de dénoncer “l’absurdité, en matière pédagogique et d’évaluation, de faire porter 50 % des questions sur 10 % de la matière”. “Nous avons 75 % de cours en commun mais la chronologie est différente” , explique encore la Doyenne.

D’autant qu’il y a une explication à ce non-alignement. “Les sciences vétérinaires ne constituent une Faculté en tant que telle qu’à Liège. Dans les autres universités, les cours sont communs à plusieurs cursus. Les horaires doivent tenir compte d’un tas de paramètres comme la disponibilité des locaux et des professeurs.” Pour répondre à la contrainte de 50 % de cours communs au deuxième quadrimestre, il faudrait que le programme de première année soit totalement indépendant des autres programmes. “Cela entraînerait un gaspillage injustifié des ressources, note encore Tatiana Art. En outre, dans l’hypothèse où l’on arriverait à organiser 50 % des cours communs pour cette période, il faudrait également standardiser la façon d’enseigner, les supports de cours, la pédagogie, les travaux pratiques, les séminaires,… Autant de facteurs qui interviennent également dans l’assimilation de la matière. Ce qui se ferait aussi aux dépens de notre liberté académique.”

Sa solution : modifier le décret

Les universités avaient déjà fait valoir cette position au moment du vote du décret ad hoc au Parlement. En vain. De son côté, l’actuelle ministre de l’Enseignement supérieur, Françoise Bertieaux (MR), a envoyé un courrier aux quatre universités pour leur rappeler les règles en vigueur. Elle a aussi demandé à l’Ares (la coupole du secteur) d’examiner l’idée d’externaliser la conception de l’épreuve auprès d’un acteur extérieur aux institutions.

“Cela ne résoudrait rien aux obstacles auxquels nous faisons face”, conclut la Doyenne qui préconise une autre solution : modifier le décret et abaisser la part de questions communes de 50 à 25 %.

À l’époque des débats sur le nouveau décret, les responsables des filières “vété” avaient déjà contesté la justification de l’égalité entre étudiants. Pour se classer au concours, un étudiant n’est effectivement en concurrence qu’avec les étudiants de sa propre institution qui dispose d’un nombre de places défini. “Dans les faits, on peut dire qu’il n’existe pas un mais quatre concours, un par institution, complètement indépendants les uns des autres, écrivaient-ils. Du fait de cette indépendance, vouloir 50 % de questions communes n’a donc aucun intérêt, voire aucun sens”.

Ce débat sera-t-il rouvert ? Rien ne l’indique, à ce stade. Une chose est sûre, il faut aller vite : le concours 2024 a lieu dans moins de six mois, le vendredi 28 juin prochain.

Après le concours 2019-2020, une dizaine de « reçus collés » avaient finalement été acceptés