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Lampedusa : des habitants retrouvent le cadavre d’une femme coincé entre des rochers

Le corps d’une femme, probablement migrante, a été retrouvé mardi coincé entre des rochers, sur l’île italienne de Lampedusa. Les pompiers n’ont pas réussi à récupérer la dépouille et tentaient encore mercredi matin de l’évacuer de la zone.

C’est une macabre découverte faite par trois passants, mardi 28 mars. Deux habitants et une touriste ont retrouvé la dépouille d’une femme, coincée entre des rochers au Cap Grecale, au nord-est de l’île italienne de Lampedusa.

Tout au long de la journée, les pompiers et des membres de la garde-côtière ont tenté de récupérer le corps, en vain. Un phare a été orienté par les pompiers en direction du cadavre pour le surveiller durant la nuit. Les opérations se poursuivaient mercredi matin pour essayer d’extraire le corps.

Selon la presse italienne, la dépouille est probablement celle d’une femme migrante. On ne sait pas si la victime a péri lors d’un des trois naufrages survenus ce week-end au large de la Tunisie.

Une hausse des départs depuis la Tunisie

L’île de Lampedusa, rocher de 20 km² situé à une centaine de kilomètres à l’est des côtes tunisiennes, représente la première porte d’entrée en Europe pour les migrants arrivant d’Afrique du Nord. L’Italie est, cette année, le premier pays d’arrivée des exilés dans l’Union européenne. Depuis janvier 2023, plus de 20 000 personnes ont débarqué dans le pays, dont une majorité à Lampedusa, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM). Au moins 12 000 d’entre elles ont pris la mer depuis la Tunisie, contre 1 300 au cours de la même période en 2022.

Cette hausse des départs s’inscrit dans la continuité du discours xénophobe prononcé par le président tunisien Kaïs Saïed le 21 février dernier. Il avait alors déclaré que l’immigration subsaharienne en Tunisie était source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables » et qu’elle relevait d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie ».

Ses propos ont déclenché des violences à l’encontre des migrants noirs. De nombreux propriétaires de logements, craignant des amendes, ont également expulsé des centaines de locataires originaires d’Afrique subsaharienne. Beaucoup campent désormais dans les rues de Tunis.

Aucun chiffre officiel ne permet de faire le lien entre les propos du président tunisien et une éventuelle recrudescence des départs de migrants vers l’Europe. Mais les dernières interceptions en mer montrent que les Subsahariens sont plus nombreux que les Tunisiens dans les navires de fortune qui partent vers Lampedusa.

« Presque chaque semaine nous récupérons des cadavres »

Reste que la traversée de la Méditerranée n’est pas sans risque. Les naufrages sont fréquents dans cette zone. Le 2 février, 10 migrants, dont un bébé de quatre mois, ont été retrouvés morts à bord d’une embarcation au large de Lampedusa. Le même jour, le navire de sauvetage Sea-Eye 4 avait également récupéré deux corps provenant d’un autre canot.

Une situation qui désespère le maire de l’île. « J’ai perdu le compte des morts. Je suis maire depuis six mois et j’ai déjà réceptionné au moins 40 morts. Ce n’est pas normal, presque chaque semaine nous récupérons des cadavres », a déploré Filippo Mannino. « La situation est en train de devenir vraiment dramatique. L’Europe doit faire quelque chose, le gouvernement doit faire quelque chose. »

La Méditerranée est la route migratoire la plus meurtrière au monde. Depuis le début de l’année, au moins 500 exilés ont péri dans ces eaux. Parmi eux, près de 450 se sont noyés en Méditerranée centrale, après avoir quitté la Libye ou la Tunisie.

Source : Infomigrants