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La liste des recettes américaines pour assurer la sécurité des enfants à l’école

Fusils d’assaut

Le tireur, qui a tué trois enfants et trois adultes dans une petite école chrétienne, possédait sept armes à feu, toutes achetées légalement, et a utilisé deux fusils d’assaut et un pistolet pour commettre son carnage.

Pour certains, cet arsenal confirme la nécessité d’interdire les fusils d’assaut, des armes de guerre conçues pour faire le maximum de victimes. Le président démocrate Joe Biden, qui prêche en ce sens depuis longtemps, l’a redit lundi, en appelant le Congrès à légiférer sans tarder.

Une jeune femme tue trois enfants et trois adultes dans une école américaine : elle avait un plan détaillé des lieux et a laissé un manifeste

A Nashville, ses propos ont rencontré un certain écho. « Je porte une arme quasiment tout le temps mais je n’ai pas besoin d’un fusil d’assaut », a déclaré à l’AFP Chad Baker, un homme de 44 ans croisé par l’AFP près d’un autel en mémoire des victimes.

Mais les élus républicains, qui s’opposent à toute restriction sur les armes, ont fait la sourde oreille, le sénateur John Cornyn allant jusqu’à reprocher au président de ne pas « proposer de nouvelles solutions ». Comme ils ont le contrôle de la Chambre des représentants, la proposition est vouée à l’échec.

Détecteurs et placards blindés

A défaut de pouvoir limiter la prolifération des armes à feu — plus de 400 millions sont en circulation dans le pays –, les établissements scolaires tentent de les garder à distance, au risque de se transformer en citadelle.

D’après le Centre national de statistiques éducatives (NCES), 97% des écoles contrôlent déjà les accès à leur bâtiment, et 57% à leurs abords (parking, cours…). Mais elles semblent désormais vouloir aller plus loin.

Stacie Wilford, une infirmière de 41 ans, a une fille scolarisée non loin du lieu du drame de Nashville. Dès lundi, son école a adressé un email à tous les parents pour les informer que « les portes de salles de classe seront désormais fermées à clé » pendant les cours.

Au-delà des barrières, les établissements scolaires dépensent des sommes folles dans des outils technologiques. Selon une étude marketing de l’entreprise Omdia, citée dans le New York Times, ils ont dépensé 3,1 milliards de dollars en 2021 pour renforcer leur sécurité.

Particulièrement en vogue: les portiques de sécurité ou détecteurs de métaux pour vérifier que les élèves eux-mêmes n’entrent pas armés. Près de 15% des lycées et 10% des collèges en sont équipés, selon le NCES, et chaque drame encourage leur multiplication.

Les autorités scolaires de Newport News en Virginie ont ainsi décidé d’en équiper toutes leurs écoles, y compris primaires, après qu’un enfant de six ans a tiré sur son institutrice en janvier.

« J’ai le sentiment que nos âmes ont été brisées »: à Nashville, des habitants sous le choc d’une tuerie si près de chez eux

Pour se protéger d’intrus malveillants, plus de 90% des établissements ont installé des caméras de surveillance, d’autres ont des systèmes d’alarmes sophistiqués.

Plus marginal, certaines écoles de l’Arkansas ou de l’Alabama ont acheté des sortes de placards blindés, dans lesquels les enfants peuvent se mettre à l’abri en cas de tornades ou de coups de feu.

Armer le personnel

Les défenseurs des armes à feu plaident à chaque carnage pour équiper davantage le personnel des écoles, afin qu’ils puissent réagir en cas d’attaque.

Chuck Chadwick, chef d’entreprise dans la sécurité au Texas, a ainsi regretté sur la chaîne CBS que l’école de Nashville, comme la majorité des écoles privées, n’ait pas eu de gardien armé. « C’est comme si leurs administrateurs ne voulaient pas d’armes sur leur campus, ce qui n’est pas un problème tant que rien n’arrive… »

La sénatrice républicaine du Tennessee Marsha Blackburn a souhaité pour sa part recruter des anciens militaires et policiers à la retraite et les déployer dans les écoles du pays.

Le lobby des armes Gun Owners of America est allé plus loin: « Des profs armés sont dissuasifs à 100% », a-t-il tweeté juste après le massacre de Nashville, reprenant une recette adoptée en Floride après un massacre, en 2018, dans un de ses lycées.