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« Je verrai toujours vos visages » : Entre les délinquants et leurs victimes, le dialogue est-il possible ?

La « justice restaurative », vous connaissez ? Ce processus passionnant est décrit dans Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry. La réalisatrice de Pupille s’est entourée d’un casting cinq étoiles (Adèle Exarchopoulos, Leila Bekhti, Miou-Miou, Elodie Bouchez, Gilles Lellouche et Dali Benssalah) pour parler de ce dispositif destiné à apaiser les victimes d’agressions.

« Il en existe deux types : la médiation, qui permet à des victimes de parler à leurs agresseurs et les rencontres, qui réunissent des victimes et des délinquants qui ont commis le même type de violences que celle qu’elles ont subies. Tout le monde participe sur la base du volontariat sans contrepartie financière, ni remise de peine » explique Jeanne Herry à 20 Minutes. Son film d’une rare puissance, ode à la résilience traite son sujet avec autant de talent que de pudeur.

Des performances brillantes

« Pour la médiation, j’ai choisi de parler de l’inceste et de comment un jeune homme peut dominer sa famille tout en s’en prenant à sa sœur, détaille la réalisatrice. Pour les « rencontres », j’ai voulu prendre un type de violences qu’on banalise trop souvent sans penser à l’impact qu’elles ont eu sur les victimes. » Vol à l’arraché, home-jacking ou hold-up dans une supérette confrontent des femmes et des hommes traumatisés à des détenus inconscients des dommages qu’ils ont causés.

La reconstruction des victimes comme leur colère sont au centre d’un récit où les gros plans sur les interprètes font partager leurs émotions. « La justice restaurative est basée sur l’oralité ce qui permettait d’offrir une variante originale des films de procès tout en mettant en avant les compositions des actrices et des acteurs » précise Jeanne Herry. Toutes les performances sont d’une incroyable justesse même pendant les séquences de confrontations les plus dures.

Une porte ouverte vers l’espoir

« La justice restaurative aide à la guérison des victimes tout en favorisant la responsabilisation des agresseurs, c’est pour cela que ce sujet m’a passionnée », insiste Jeanne Herry. L’humanité qui se dégage de ces réunions dont toutes et tous sortent enrichis apporte autant de réflexion que de bienveillance au spectateur. Jeanne Herry n’angélise pas les délinquants. Elle donne des pistes pour éviter qu’ils récidivent quand ils comprennent la gravité de leurs actes. Je verrai toujours vos visages n’apporte pas de solution miracle : ce film dopé à l’intelligence ouvre une porte vers la reconstruction.