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Guerre en Ukraine : le magnat Daniel Kretinsky accumule les milliards grâce à la guerre de Poutine

Résultat : en quelques mois, Daniel Kretinsky s’est constitué une mégafortune d’opportunité. Forbes évalue désormais désormais le patrimoine de Kretinsky à plus de 9 milliards de dollars (environ 8,2 milliards d’euros), alors qu’il dépassait à peine 3 milliards de dollars il y a deux ans. Au classement du magazine américain, il apparaît juste derrière Vincent Bolloré (Vivendi), mais loin devant Xavier Niel (Iliad) et Patrick Drahi (Altice). Le nouveau et l’ancien monde…

Des revenus multipliés par quatre

Publiés ce jeudi, les résultats financiers pour l’année 2022 du groupe EPH, la principale société de Kretinsky, témoignent de cet emballement insensé. Le chiffre d’affaires du conglomérat énergétique ressort à 37,1 milliards d’euros, contre 19 milliards en 2021 et… 8,5 milliards en 2020. En l’espace de deux ans, les revenus de l’entreprise ont donc quadruplé. Cette progression est le fait principal d’une activité, dite, dans les comptes de la boîte, «production flexible d’énergie». Celle-ci a rapporté 31,9 milliards d’euros l’an dernier, contre 15,2 milliards en 2021 et 4,6 petits milliards en 2020.

Cette ligne financière regroupe les centrales de production d’électricité que l’homme d’affaires possède en Europe, notamment en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni et en France. Des sites qui tournent pour la plupart au charbon, une matière première dont le Tchèque s’est fait une spécialité, et qui ont été appelés à fonctionner à plein régime depuis que le Kremlin a coupé les robinets du gaz pour l’Europe. Comme à Saint-Avold, en Moselle. Kretinsky n’a jamais cru l’Europe capable de se libérer du charbon aussi vite qu’elle l’a promis et a choisi de reprendre les vieilles centrales délaissées par ses concurrents malgré leur immense impact sur l’environnement. Son pari contre-intuitif a donc payé.

Une contre-offensive imminente de l’Ukraine ? Les signaux se multiplient

La courbe de la rentabilité suit la même évolution que celle du chiffre d’affaires. EPH affiche un excédent brut d’exploitation de 4,3 milliards d’euros pour 2022. Le chiffre a doublé en deux ans, offrant des ressources de cash considérables (3,7 milliards de bénéfice net) à celui qui possède 56 % du groupe – le solde est détenu par son ami slovaque et partenaire en affaires Patrik Tkac. Cette arrivée miraculeuse d’argent frais permet à Kretinsky de diversifier son business, notamment en France, où il dispose déjà d’une belle collection de titres de presse (Elle, Marianne, Télé 7 Jours, Franc-Tireur, Usbek & Rica…) et où il est à nouveau très offensif depuis quelques mois.

A l’offensive sur Casino

Le milliardaire, dont le holding personnel n’est pas situé en République tchèque mais au très accueillant Luxembourg, vient d’annoncer le rachat du groupe d’édition Editis (Nathan, Plon, Robert Laffont…). Il est également monté au capital de Fnac-Darty, dont il est désormais le premier actionnaire, et passe maintenant à l’offensive sur le dossier Casino, distributeur dans lequel il propose d’injecter 1,1 milliard d’euros avec l’idée d’en prendre le contrôle. Daniel Kretinsky est aussi très attentif au devenir de certains actifs d’une ex-étoile du CAC 40, l’entreprise d’informatique Atos.

Ces ressources démultipliées ont une autre vertu pour Kretinsky. Elles lui donnent les moyens d’accélérer la transition énergétique de son groupe jusque-là très décrié pour son empreinte carbone. A l’occasion de ses résultats financiers, EPH annonce un investissement de 10 milliards d’euros dans les «énergies renouvelables» et l’hydrogène, et promet la sortie du charbon à l’horizon 2030 pour ses implantations allemandes (les plus importantes de son portefeuille). Ce qui lui laisse encore quelques années pour engranger des milliards.

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