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Allemagne : le parti libéral FDP entre participation gouvernementale et volonté de se démarquer

Partenaire junior de la coalition

Depuis décembre 2021, en effet, beaucoup de choses ont changé pour le FDP. Ce parti gouverne désormais l’Allemagne en tant que partenaire junior aux côtés des sociaux-démocrates (SPD) du chancelier Olaf Scholz et des écologistes. Une constellation unique au niveau fédéral et difficile à gérer, entre trois partenaires aux positions parfois fondamentalement divergentes. Depuis un an, les sujets de discussions et parfois de tensions sont nombreux, comme par exemple sur la réponse à apporter à l’invasion russe. Si le SPD a freiné des quatre fers pour livrer des armes lourdes à l’Ukraine, les libéraux et les Verts ont dès le départ soutenu l’idée. Les questions climatiques opposent en revanche très ouvertement ces deux partis comme l’ont montré ces dernières semaines les questions de la sortie du nucléaire, de la construction de nouvelles autoroutes ou le récent projet visant à décarboner le secteur du chauffage. Le FDP est notamment en charge du ministère des Transports, jugé trop peu actif sur les questions climatiques. Sans parler des nombreux coups de freins donnés par le ministre des Finances, Christian Lindner.

Si le FDP se présente comme “l’élément correctif libéral” d’une coalition plus poussée vers la gauche, l’attitude du parti suscite souvent de vives critiques, en Allemagne et à l’étranger. Les Européens se souviennent ainsi du veto, inattendu, posé en mars par le ministre des Transports, Volker Wissing, au projet quasiment achevé d’interdire les moteurs thermiques dans l’UE dès 2035. Sous la pression du FDP, la Commission a accepté d’y ajouter une exception pour les véhicules roulant aux carburants de synthèse, au nom de “l’ouverture technologique”, si chère aux libéraux allemands.

Le nucléaire en Allemagne, c’est terminé !

La crainte de nouveaux revers électoraux

La multiplication de ces “coups” ces dernières semaines s’explique en partie par la succession de revers électoraux encaissés par le FDP lors des cinq derniers scrutins régionaux. Et l’année 2023 s’annonce tout aussi compliquée avec trois difficiles élections à venir. Au niveau national aussi, le moral est en berne avec des intentions de vote allant de 5 à 7 %. Loin des 11,5 % obtenus en septembre 2021.

Pour Christian Lindner, le couloir est étroit entre la nécessité de trouver des compromis avec ses partenaires de coalition, de valoriser le travail du gouvernement et celle de rendre son action plus visible pour son électorat. “Après une année de gestion de crise, nous devons passer à la mise en œuvre des réformes prévues dans le contrat de coalition” résume Johannes Vogel, député et membre de la direction du parti, lors d’un entretien avec la presse étrangère. “Notre priorité en tant que FDP est d’être le moteur de la modernisation du pays”, ajoute-t-il.

Un des atouts sur lequel le FDP table pour reconquérir son électorat est par ailleurs la très populaire Marie-Agnes Strack-Zimmermann. La présidente de la commission Défense du Bundestag sera tête de listes des libéraux allemands lors des élections européennes de 2025. Une annonce saluée par une vive ovation des 660 délégués réunis ce vendredi à Berlin. Presque aussi forte que celle de Christian Lindner.