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L’investisseur médian en cryptomonnaies aurait perdu la moitié des fonds investis en décembre 2022

Chute de 75 %

On le sait, les cryptos ont chuté l’an passé de près de 75 % après un sommet atteint dans le courant du mois d’octobre 2021. Les chercheurs notent que les investisseurs particuliers sont entrés par millions dans ce marché, en dépit de la très forte volatilité qui y règne, et “en l’absence de cas d’utilisation productive de ces actifs dans un monde réel”. Comprenons : “C’est très spéculatif, et ça ne sert à rien”. Ça, c’est sans doute un peu court, puisque derrière les cryptoactifs se cache un écosystème créatif qui génère des concepts et fait naître de nouveaux pôles de développement économique, à l’exemple du métavers dont il sort déjà de nouveaux métiers, de nouvelles applications.

L’analyse de la BRI montre que la chute des prix des cryptos l’an passé a fait disparaître plus de 1 800 milliards de dollars (la monnaie américaine reste la référence en économie comme l’enseignait feu l’excellent Professeur Jacques Nagels dans les années ‘80), et que “450 milliards de dollars se sont volatilisés pendant les turbulences qui ont suivi l’effondrement de Terra/Luna en mai 2022 seulement. Sans oublier les 200 milliards de dollars qui ont été perdus dans le sillage de la faillite de FTX en novembre 2022”.

Des petits et des gros propriétaires

Les personnes qui regardent le dimanche soir à la télé le “Jardin extraordinaire” le savent, les baleines se nourrissent de krill, ces petits crustacés, mélangés au plancton, qu’elles filtrent à travers leurs fanons. Dans le monde des cryptos, c’est pareil : il y a des baleines et du krill. Le krill, selon la BRI, c’est comme un banc de petits propriétaires de bitcoins (de moins un à plus d’un), et les possesseurs moyens possédant entre un et 1 000 bitcoins. Et puis, il y a les “baleines” (whales) possédant plus de 1 000 bitcoins. Le “krill”, c’est selon la BRI, jusqu’à 500 millions d’utilisateurs.

Les chercheurs de la BRI ont analysé les données qui montrent que les gros détenteurs ont réduit rapidement leurs avoirs en bitcoin (le cryptoactif le plus liquide et avec la plus grosse capitalisation), alors que les petits porteurs achetaient du bitcoin… L’étude montre en effet que les nouveaux entrants dans le marché ont téléchargé des apps de cryptos lorsque le bitcoin grimpait et achetaient immédiatement pour de petits montants, mais au prix fort. Statistiquement, selon la BRI, “l’investisseur médian aurait perdu 431 dollars en décembre 2022, ce qui correspond à près de la moitié du total de ses 900 dollars de fonds investis depuis le téléchargement de l’application”.

Une attitude politique appropriée

Ces chercheurs ont également mis en évidence le fait que cette disparition rapide de valeur des cryptos n’a pas eu de répercussions notables sur le système financier au sens large. Mais de nouvelles secousses pourraient être plus lourdes de sens, en fonction du degré d’imbrication des cryptos dans les économies. En effet, on l’a vu ces dernières semaines, les particuliers ont retrouvé le moral et reviennent vers les cryptos. En fin d’année passée, les médias américains évoquaient l’hiver des cryptos, le public songe pour sa part au retour du printemps.

Tout ceci, du point de vue des chercheurs, appelle une réponse coordonnée au niveau mondial en faveur d’une protection des investisseurs dans cet espace particulier, et une attitude politique appropriée face aux risques des cryptos avant qu’ils ne deviennent systémiques.