High-tech

ChatGPT : « Il y a les signes d’une révolution technologique comparables à l’ouverture d’Internet »

« Apprendre à l’utiliser »

David Dab a beau porter le titre de National Technology Officer chez Microsoft Belux, il est détaché des contraintes commerciales de cette antenne locale. Le job de ce scientifique au CV kilométrique est d’expliquer aux entreprises, aux administrations et même aux écoles, l’état de l’art en matière de technologie. Pour lui, il faut regarder ce qui se passe avec modestie. “On a tendance à surestimer sur le court terme et à sous-estimer sur le long terme, rappelle-t-il. Mais si Microsoft a pour habitude d’intégrer les outils les plus performants dans ses suites informatiques comme Office ou Azure, il semble en effet que l’on soit ici devant une révolution.”

ChatGPT, un diamant brut à tailler

Et David Dab d’expliquer : “On utilise déjà presque sans le savoir des outils d’intelligence artificielle : la correction orthographique, la reconnaissance faciale, la prédiction des mots suivants lors de l’écriture de documents, la traduction. Il s’agit de modèles étroits, spécialisés. Avec ChatGPT, on va plus loin. On est sur une plateforme plus vaste où l’on peut interroger en langage courant et recevoir une réponse sous forme de langage naturel. Le potentiel de cet outil en devient extrêmement vaste. Il ouvre des portes comme celles qui se sont ouvertes lors de l’ouverture d’Internet.” Comme tous les outils, reprend M. Dab, “il faut apprendre à l’utiliser. Ce que Microsoft fait pour les utilisateurs, c’est d’en faire un modèle complémentaire, plus professionnel, avec des limites en termes d’éthique, de responsabilité, de sécurité, de protection des données. Le complément ? Prenons une feuille de calcul Excel où l’on va retrouver une émanation de ChatGPT. Que va-t-elle apporter à l’utilisateur ? La possibilité de demander un avis sur ce que pourrait apporter une analyse des données de la feuille. La différence ? L’utilisateur n’a plus besoin de passer par un spécialiste des feuilles de calcul. On peut s’adresser directement à un robot pour obtenir des résultats, comme exporter un document Word pour en faire une présentation PowerPoint et lui demander d’y ajouter une photo… C’est un outil très puissant qui permet de gagner du temps.”

Les gains de temps peuvent effrayer le personnel des entreprises concerné par les applications de ces nouveaux outils. “Il devra y avoir un débat de société à ce propos, c’est évident. Prenons le cas du personnel infirmier. Il pourrait se voir déchargé d’une partie de l’administration qui lui prend du temps. Mais on sait que la profession est en situation de pénurie. Doit-on en engager moins ou leur permettre de se recentrer sur leurs missions de base ?”


À savoir

GPT. Nom du Large Language Model (LLM, grand modèle de traitement du langage) développé par OpenAI, un laboratoire de recherche en intelligence artificielle fondé en 2015 dans la Silicon Valley. OpenAI, financé depuis 2019 par Microsoft, a aussi créé Dall·E, un logiciel capable de créer une image à partir d’un texte. GPT signifie Generative Pre-trained Transformer. Ce pré-entraînement signifie que le logiciel se base, pour générer des textes (on parle aussi d’IA générative), sur d’énormes bases de données. Mi-mars, OpenAI a sorti la quatrième version de son modèle (GPT-4).

ChatGPT. Nom du robot conversationnel (chatbot) lancé par OpenAI le 30 novembre 2022. D’abord proposé gratuitement au public, le succès de ChatGPT est phénoménal : 100 millions d’utilisateurs en deux mois ! ChatGPT est capable de répondre à n’importe quelle question, de générer des textes (dans plusieurs langues), d’écrire du code informatique, etc. Ces IA, malgré des garde-fous, peuvent aussi générer des textes truffés d’erreurs et créer des fausses informations.