France

Toulouse : Les agents municipaux croient nettoyer des tags, c’était les pochoirs d’un célèbre street artiste

De l’art on ne peut plus éphémère. L’artiste C215, Christian Guémy de son vrai nom, est « considéré aujourd’hui comme l’un des pochoiristes les plus reconnus de scène Street art Mondiale », indique la mairie de Toulouse pour expliquer pourquoi elle lui a ouvert les portes du Castelet de l’ancienne prison Saint-Michel. Spécialisé dans les portraits de personnalités marquantes de l’Histoire, il expose depuis le 6 avril dans ce lieu de mémoire consacré à la résistance et à l’histoire carcérale. Il y a notamment bombé le visage de Nelson Mandela.

Cette exposition, baptisée Périscope et visible jusqu’au 10 septembre, est accompagnée d’une initiative originale « hors les murs ». Dans un jeu de piste, C215 a peint sur des boîtes aux lettres, des transformateurs électriques, et du mobilier urbain en général, les visages de résistants toulousains incarcérés au Castelet durant la guerre mais aussi « de personnalités engagées d’envergure universelle ». Voilà pourquoi trois portraits au pochoir de Simone Veil étaient apparus place du Salin. Mais ils ont disparu, en début de semaine, effacés par un badigeonnage impeccable de peinture blanche ou grise. Envolé aussi, le visage grave de l’écrivaine-peintre Grisélidis Réal du secteur de la place Lafourcade.

Des Toulousains particulièrement versés dans le street art ont été les premiers à faire part de leur indignation sur Twitter et à demander des explications.

« Une erreur » et des excuses

Alors censure ? Aseptisation ? La raison de ces disparitions est bien plus prosaïque. « Nous plaidons l’erreur », concède le Capitole. Des agents de la propreté ont « nettoyé » les pochoirs de l’expo comme ils l’auraient fait avec des tags sauvages. « L’essentiel de l’exposition se trouve au Castelet » , relativise la mairie, en assurant qu’elle a présenté ses excuses à C215 et qu’il reviendra en septembre, pour bomber d’autres œuvres. Depuis l’Ukraine où il est parti en urgence réaliser une fresque, l’artiste réagit et confirme sans se formaliser. « C’est une résidence avec parcours évolutif, nous dit-il. D’autres œuvres vont apparaître d’ici la fin de l’exposition en septembre. Certaines qui ont été effacées seront repeintes ailleurs ».

C215 est beaucoup plus touché par les actes de vandalisme sur d’autres de ses œuvres toulousaines et notamment par cette croix gammée tracée sur le portrait de l’imprimeur Henri Lion, mort en déportation.