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« The Fool » : Entre tarot de Marseille et influences seventies, Jain prend un « nouveau départ » pour son nouvel album

Jain a remisé au placard les cols Claudine et la combinaison bleue, tenues signatures de ses deux premiers albums dont elle a écoulé au total plus d’1.2 million d’exemplaires. Elle a bien en tête « un nouveau costume qui racontera une nouvelle histoire » pour ses prochaines scènes, mais c’est avec un autre concept qu’elle revient ce vendredi. Son troisième album, The Fool, associe à chacune des onze chansons une carte du tarot de Marseille.

« Ma mère me tire les cartes depuis toute petite, cela a toujours fait partie de ma vie, de ma culture, explique-t-elle à 20 Minutes. Je trouve cela très poétique. La carte de la Lune, par exemple, correspond à la nostalgie, celle du Soleil, à l’épanouissement. » C’est celle du Fou (« The Fool ») qu’elle a choisi comme titre de l’opus pour englober tous les nouveaux morceaux. Pourquoi ? « Parce que c’est la seule carte du tarot de Marseille qui n’a pas de numéro. Elle peut être la première comme la dernière. C’est aussi le titre de la première chanson de l’album. Je trouvais ça assez beau de commencer par cette carte. Symboliquement, elle annonce le nouveau départ, la prise de risque. C’est ce que j’ai envisagé : faire une vraie nouvelle proposition artistique. »

« Je voulais aller davantage vers la musique que j’écoute »

L’autrice, compositrice et interprète, qui a passé le cap de la trentaine l’an passé, a opéré un travail d’introspection en s’accordant une pause en 2019. Elle s’est posé « plein de questions » sur l’artiste qu’elle voulait être. Elle en a conclu qu’elle souhaitait faire partie de celles qui surprennent le public et ne s’enferment pas dans un style.

« Il y a de grosses différences entre The Fool et Zanaka, mon premier album [sorti en 2015] dont j’avais écrit les chansons quand j’avais 16 ans. Il était empreint de Pointe-Noire, du Congo. Aujourd’hui, je n’ai plus le même âge et cela fait très longtemps que je n’y suis pas retournée. Je me voyais mal réutiliser les mêmes influences parce que, en tant qu’adulte, ça ne me correspondait plus vraiment personnellement. Là je voulais aller davantage vers la musique que j’écoute. »

Ces dernières années, et notamment pendant le confinement, elle s’est ruée sur les vinyles des années 1970, ceux de Stevie Nicks et Kate Bush en tête. De cette dernière, elle a écouté « en boucle » The Kick Inside qui l’a beaucoup influencée sur The Fool. « Je ne me suis pas allée délibérément vers ce style. Il est venu à moi », assure Jain, qui a écrit la plupart de ses nouvelles chansons dans un cabanon de pêcheur réaménagé, à Marseille.

« Pas un album vintage »

Les textes « complètement autobiographiques », sont donc « plus intimes que ses précédents ». Ils parlent d’amour de manière plus personnelle. Envisage-t-elle Maria comme une chanson de coming-out ? « Je l’associe à une chanson d’amour comme il en existe plein », répond-elle, laconique.

Après avoir travaillé seule à ses maquettes, elle a rejoint en studio Maxim Nucci, avec qui elle avait déjà collaboré sur ses précédents disques. « On a modernisé l’ensemble avec des sonorités pour que ce ne soit pas un album vintage », souligne l’artiste. Effectivement, si The Fool nous renvoie à la décennie des effluves d’encens, du psychédélisme, de la folk et même de l’italo-disco, il se révèle contemporain et même intemporel. Les fans qui ont vibré avec Zanaka et Souldier, sorti en 2017, seront peut-être désarçonnés par ce changement de cap. 

Mais la dernière fois où la mère de Jain lui a tiré les cartes, elle s’est montrée rassurante : « Elle m’a dit que j’allais être très heureuse et que j’allais trouver mon public. Je prends ça comme un signe positif. »