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« Silo », une série dystopique et postapocalyptique à creuser

Une histoire d’isolement. Adaptation d’une trilogie éponyme du romancier américain Hugh Howey, Silo, dont les deux premiers épisodes, sont disponibles depuis le 5 mai sur Apple TV+, se déroule dans un futur post-apocalyptique où quelque 10.000 survivants de l’humanité ont trouvé refuge dans un immense bunker à la structure cylindrique et hélicoïdale. Pourquoi cette dystopie en 10 épisodes, créée par Graham Yost (scénariste de Speed et créateur de Justified) et portée notamment par Rebecca Ferguson (Mission : Impossible Rogue Nation) et Tim Robbins (Mystic River), mérite d’être creusée ?

Un univers construit méticuleusement, strate par strate

Dans le silo, l’histoire est taboue. Mais personne ne sait quand et pourquoi les Terriens ont été confinés dans ce gigantesque silo souterrain autonome de 144 niveaux en attendant que la planète se remette de cet événement qui a rendu la surface de la Terre toxique et inhabitable.

Depuis cent quarante ans et une rébellion aux raisons oubliées, toute relique ou souvenir de la surface est également prohibé. Une caméra de surveillance filme en permanence le paysage d’une planète ravagée. Ses images sont diffusées sur l’écran du réfectoire de chacun des 144 étages du silo. « C’est comme lorsque de chez moi, je regarde les nouvelles à travers l’écran de télé ou d’un ordinateur, on n’y voit toujours que le pire. Ce monde donne l’impression d’être dangereux. Pourquoi quelqu’un voudrait quitter son sweet home ? », avait expliqué Hugh Howey à 20 Minutes lors de la sortie de sa trilogie. Certains habitants du silo décident pourtant d’aller à la surface, mais n’en reviennent pas.

Cette amnésie historique sert les intérêts d’une élite gouvernante qui a mis en place un système judiciaire autoritaire et une société très stratifiée. Cette élite exerce par ailleurs un contrôle strict de la population, indispensable pour la survie d’un monde scellé. Il faut une autorisation pour essayer d’avoir un bébé.

Une enquête autour d’un mystère assez complexe

A la découverte de ce monde dystopique, s’ajoute une intrigante enquête policière qui suit certains habitants du silo en quête de vérité. Le premier épisode suit le shérif Becker (David Oyelowo), l’homme chargé – avec la maire Ruth (Geraldine James) – de veiller à la paix et à la stabilité du silo, alors qu’il annonce son désir de sortir, trois après sa femme (Rashida Jones). Dans un flash-back, le spectateur découvre cette dernière qui découvre, juste d’obtenir l’autorisation d’essayer d’avoir un bébé, une relique – une technologie datant de l’époque où les humains vivaient à la surface – qui suggère qu’on ment aux habitants du silo…

Après cet épisode introductif, la suite de la série est centrée sur Juliette (Rebecca Ferguson), mécanicienne chargée du générateur qui fournit de l’électricité au bunker, à la recherche de réponses, après l’assassinat d’un être cher…. Et, par effet domino, le grand mystère des lieux. « Sa zone de confort, c’est de réparer des machines, de tenir ses outils…. On la découvre à un moment où elle sort de sa zone de confort et doit se rapprocher des gens, et tout se brise », raconte Rebecca Ferguson, que 20 Minutes a rencontrée en visio.

Une multitude de lectures métaphysiques et politiques

Silo peut être lu comme beaucoup de choses. « La série aborde tellement de sujets différents ! La géopolitique, l’environnement, le contrôle du système Big Brother. Je ne pense pas que la série puisse avoir un impact sur le paysage politique de la société d’aujourd’hui. Mais elle raconte sans aucun doute comment nous le voyons et comment nous le ressentons », analyse Rebecca Ferguson. La série critique le système de classe, questionne le rôle de l’Histoire et de sa réécriture, et pose la question existentielle : vaut-il mieux mourir en connaissant la vérité ou vivre dans l’ignorance ? Bref, une série qui embrasse pleinement les thèmes du genre SF.