France

Salariée d’un Ehpad à Bordeaux, une Gabonaise craint pour son emploi

Ce jeudi après-midi, quelques drapeaux CGT volent au vent devant « Notre dame de Bonne espérance », un EHPAD privé à but non lucratif situé dans le quartier du Tondu à Bordeaux et géré par l’association pour le développement et la gestion des équipements sociaux, médico-sociaux et sanitaires (ADGESSA). Sur une feuille, une de ses collègues porte à Berthe, agent d’entretien au sein de la maison de retraite, un message de soutien. A cause de difficultés pour renouveler son titre de séjour (pour dix ans), cette Gabonaise de 52 ans, divorcée et sans enfant, craint de perdre son emploi. Arrivée en France il y a plus de vingt-cinq ans, avec son ex-mari, elle très touchée par la mobilisation autour de son affaire « cela me redonne chaud au cœur », confie-t-elle.

« Si ça tarde trop, que va-t-il se passer ? »

Si elle arbore un grand sourire, elle glisse aussi qu’elle « n’a plus le choix et plus de larmes ». Son titre de séjour expirait le 1er décembre 2022 et dès le mois de mars 2022, elle prend les devants pour sa demande de renouvellement. Mais, un important retard avec sa pièce d’identité, imputable aux autorités gabonaises selon elle, va compromettre une remise d’un nouveau titre dans les temps. « J’ai fait un aller-retour à Paris ce lundi au consulat du Gabon et j’ai obtenu un document tenant lieu de pièce d’identité, d’une validité d’un an », explique la quinquagénaire. La préfecture de la Gironde confirme qu’elle a bien reçu sa demande de renouvellement hors délai, quatre mois après la fin de validité de son titre, le 24 mars 2023.

Quand Berthe comprend que son titre ne va pas être renouvelé à temps, elle prévient la direction de l’ADGESSA qui l’emploie depuis mars 2019 en CDD et depuis février 2021 en CDI. « Elle est plutôt dans la bienveillance mais si ça tarde trop que va-t-il se passer ? » s’inquiète-t-elle, consciente que l’association ne peut pas employer un salarié sans titre de séjour. « Le problème c’est qu’agent de service logistique, le poste qu’elle occupe, ce n’est pas un métier en tension », ajoute Kamala Rama, déléguée syndicale pour la CGT Santé privée Gironde au sein de l’établissement.

Berthe a déjà pu prendre un mois de congé de façon anticipée pour faire toutes ses démarches et il a été décidé ce vendredi d’un congé sans solde jusqu’au 22 mai, le temps qu’elle régularise sa situation. Elle a rendez-vous à la préfecture le 17 mai et espère que ce sera la fin de l’angoisse avec son retour dans l’établissement, aux côtés des résidents.