France

Réparer soi-même son électroménager ? C’est possible grâce aux ateliers d’Envie Le Labo

« Jamais de la vie je n’oserais démonter ma bouilloire ou, pire, mon micro-ondes », explique timidement Brigitte en regardant l’équipement qui l’attend sur la table devant elle. Une dizaine de tournevis, deux piles, un multimètre et une bouilloire. Comme Brigitte, la plupart des autres participants ne sont pas des dingues de la bricole. « C’est pour cela que vous êtes là », sourit Stéphane qui a deux heures devant lui pour inverser la tendance.

Tous les mercredis, celui que l’on surnomme « Stéphane la dépanne » accueille entre 8 et 12 personnes à l’étage de la boutique Envie Le Labo dans le 20e arrondissement de Paris. Son objectif : Faire apprendre les basiques de la réparation à des néophytes.

Objectif : Allonger la durée de vie de l’électroménager

« Aucun niveau spécifique n’est requis. Vous êtes ici pour apprendre à démonter un appareil, cibler la panne et, dans la mesure du possible, la réparer. » Une ligne claire, dans l’esprit de ce que fait Envie Le Labo, dont Stéphane est l’un des membres depuis deux ans.

Cet « éco-lieu » œuvre en effet à l’allongement de la durée de vie des appareils électroménagers de tout type. Soit en les réparant, pour des particuliers qui souhaitent conserver un de leurs biens, soit en les récupérant pour les revendre en reconditionné à bas coût, entre 30 et 60 % moins cher que du neuf, avec une garantie de deux ans. « On peut aussi se faire dépanner à domicile pour des appareils très lourds », ajoute Nesrine Dani, directrice d’Envie Le Labo.

Les ateliers regroupent entre 8 et 12 personnes à l'étage de la boutique Envie Le Labo dans le 20e arrondissement
Les ateliers regroupent entre 8 et 12 personnes à l’étage de la boutique Envie Le Labo dans le 20e arrondissement – R.Le Dourneuf/20 Minutes

Pour l’atelier, les participants devront se contenter d’une simple bouilloire afin de « passer le stade du démontage » comme l’explique Stéphane : « On a souvent peur de casser, de ne pas savoir remonter. Mais il faut parfois y passer pour apprendre. Et puis il y a des “trucs “pour l’éviter. »

Les règles et les questions à se poser

Mais avant de se lancer dans l’autopsie de la victime, Stéphane rappelle quelques règles générales du bon bricoleur : Commencer par couper l’alimentation et attendre plusieurs minutes pour s’assurer que l’appareil ne porte plus de charge électrique. Éviter de porter des bijoux qui pourraient s’accrocher et qui conduisent l’électricité. S’assurer d’avoir de la lumière, de l’espace et une zone propre. Prendre un tissu pour regrouper les vis, et de quoi prendre en photo tous les éléments avant de les démonter… « Ah oui, ça c’est mon truc, démonter et ne plus savoir remonter ensuite », avoue Catherine, aussi amusée que gênée.

À cela, Stéphane rappelle qu’il existe d’excellents tutoriels sur Youtube qui permettent de se souvenir de ces étapes avant de se lancer.

Déjà le tournevis en main, les participants échangent sur la potentielle source de la panne qu’ils vont devoir analyser. « Un fil coupé ? », « L’entartrage de la machine ? », « une résistance cramée ? » Toutes ces causes sont envisagées.

Une majorité de pannes dues à un mauvais entretien

Quelques tours de vis et tous se retrouvent, en binôme, le nez dans la mécanique de la bouilloire. Certains se saisissent du multimètre après que Stéphane ait montré comment l’utiliser. On teste la résistance, les différents composants. L’occasion pour le maître de cérémonie de faire un rapide cours de physique sur le voltage et la puissance électrique.

On apprend aussi comment les miettes de pain peuvent faire disjoncter un toaster. Que si certains fils cèdent avec le temps, c’est le plus souvent parce qu’on a trop tiré dessus pour le débrancher. Que l’eau est très calcaire à Paris, et que pour nettoyer un appareil, un mélange d’un tiers de vinaigre blanc avec 2/3 d’eau permet de se débarrasser du tartre.

Car si la réparation est au cœur de l’atelier, Envie Le Labo milite aussi pour le bon usage et le bon entretien des appareils, synonyme d’espérance de vie accrue pour nos appareils ménagers. « L’Ademe considère que 50 à 70 % des pannes du gros électroménager sont dues à une mauvaise utilisation ou un mauvais entretien de l’appareil, précise Nesrine Dani.

L’insertion professionnelle au cœur du projet

Si Stéphane ponctue la séance de quelques conseils d’entretien, il n’oublie pas de rappeler qu’un autre atelier, spécialement dédié à ce thème est proposé par Envie Le Labo. Car il a déjà pas mal de pain sur la planche en passant de binôme en binôme pour s’assurer du bon déroulement des opérations. À chacun, quelques minutes de questions et d’explications, toujours très claires et pédagogiques. Une mauvaise réponse ? Une nouvelle chance. C’est la philosophie d’Envie Le Labo qui ne se contente pas de redonner une seconde vie aux appareils, les humains aussi, sont au centre du projet.

Envie Le Labo propose une multitude d'appareils d'électroménagers reconditionnés à des prix jusqu'à 60% inférieurs au neuf.
Envie Le Labo propose une multitude d’appareils d’électroménagers reconditionnés à des prix jusqu’à 60% inférieurs au neuf. – R.Le Dourneuf/20 Minutes

C’est même le cœur de métier du réseau associatif : « Nous promouvons l’insertion professionnelle à travers l’économie circulaire, aider des personnes à retrouver l’emploi durable grâce au tri, à la rénovation et à la vente des appareils d’électroménager. » À Envie Le Labo, ce sont trois personnes qui sont investies dans la réparation. Un service facturé au forfait de 39 à 50 euros selon l’appareil et sur devis s’il y a une pièce à changer. « Nous avons un délai de 4 à 5 semaines tant la demande est forte, précise Stéphane, la seule limite que nous posons est les appareils électroniques comme les smartphones ou les ordinateurs qui disposent déjà d’un fort réseau de réparateurs plus experts. »

S’ils ne sont pas devenus des professionnels pendant cet atelier, les participants assurent avoir dépassé la peur du démontage et envisager la panne différemment : « Avant je me disais que si ma machine à café tombait en panne, j’étais bonne pour la remplacer. Maintenant je saurais que je peux la réparer, ou, au pire, venir voir Stéphane et son équipe », conclut Brigitte qui repart « plus légère » qu’à son arrivée.