France

Réforme des retraites : « Violences urbaines sidérantes » jeudi soir à Nantes et Rennes

Chaos urbain. Des manifestations violentes ont éclaté jeudi soir à Rennes et à Nantes, avec notamment des tirs de mortiers d’artifices vers les forces de l’ordre, ont constaté des journalistes de l’AFP, quelques heures après l’annonce par le gouvernement du recours à l’article 49.3 pour réformer les retraites.

« De multiples enseignes ont été dégradées dans le centre-ville et 26 feux ont été éteints par le SDIS », a indiqué dans la soirée la préfecture d’Ille-et-Vilaine, précisant qu’ « un groupe de 300 ultras, déterminés » poursuivait « ses exactions » à Rennes. Huit interpellations et autant de garde à vue étaient en cours, d’après la même source.

Vandalisme et pillage

La maire socialiste de Rennes Nathalie Appéré a évoqué des violences « sidérantes » sur Twitter. « Notre ville est ce soir le théâtre de violences urbaines sidérantes. J’ai activé en début de soirée la cellule de crise municipale », a indiqué la maire, preuve des violences qui secouaient la capitale bretonne et des actes de vandalisme, comme le pillage d’un magasin de vêtements dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux.

« Pour l’heure, nos équipes techniques ne sont pas en mesure d’intervenir sur le terrain tant que la situation n’est pas stabilisée », a-t-elle ajouté. « Notre ville ne peut être abandonnée à la violence des casseurs », a-t-elle encore dit, rappelant avoir réclamé des renforts policiers.

Vers 19H00, plusieurs centaines de jeunes s’étaient rassemblés place Sainte-Anne dans le centre historique et avaient commencé à allumer des feux. Des forces de l’ordre ont tenté de les éteindre et ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires, a constaté un journaliste de l’AFP.

« Des personnes ont été molestées »

Extrêmement mobiles, les manifestants ont allumé plusieurs feux, dégradé du mobilier urbain, effectué des tirs au mortier d’artifice et s’en sont pris à un hôtel. « Un gérant du Mama Shelter, hôtel de luxe ciblé par les ultras, fait état de 5 victimes au sein de son personnel », selon la préfecture.

« Les vitres de la mairie ont été dégradées », a indiqué la préfecture. « Des personnes ont été molestées. L’Hôtel de ville a été pris pour cible à de nombreuses reprises », a également dit l’édile. Le préfet d’Ille-et-Vilaine a condamné « avec la plus grande fermeté ces actes intolérables ».

Dans la capitale bretonne, une première manifestation, à l’appel de l’intersyndicale, avait réuni environ 600 personnes (chiffre préfecture) devant la préfecture d’Ille-et-Vilaine, et s’était déroulée dans le calme.

Cocktails Molotov et tirs de mortier d’artifice à Nantes

A Nantes, environ 3.500 personnes étaient rassemblées en début de soirée, selon la police, et l’ambiance s’est rapidement détériorée. Des manifestants ont mis le feu à des poubelles et à de nombreux tas d’ordures, non ramassés par les éboueurs en grève, dans le centre-ville. Des jets de cocktails Molotov, des tirs de mortier tendus vers les forces de l’ordre ainsi qu’un assaut des manifestants ont pu être observés par des journalistes de l’AFP.

Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pendant plus d’une heure pour tenter de disperser le cortège. Plus d’une dizaine de vitrines de commerces ont été endommagées, selon un photographe. « 49.3, on n’en veut pas », ont scandé les manifestants, qui ont aussi écrit des tags comme « Brûlons Matignon », « la colère est à son comble », ou encore « Démocratie = cause toujours ».