France

Réforme des retraites : Oui, le nombre de salariés qui ont un travail physiquement pénible a augmenté

Si le gouvernement semble bien décidé à faire passer sa réforme des retraites, l’opposition ne baisse pas les bras. Au-delà des manifestations et grèves qui mobilisent les Françaises et les Français, du côté de la sphère politique on multiplie les arguments contre. Cette fois, le député La France Insoumise de la Somme, François Ruffin, affirme que les emplois sont plus pénibles physiquement que dans les années 80.

« En 1984, il y avait 12 % des salariés qui subissaient trois contraintes physiques », a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « On se dit, bon, après 40 ans de robotique, d’informatique, tout ça doit s’être formidablement allégé. Eh bien, au contraire, on est passé de 12 % à 34 % qui subissent trois contraintes physiques aujourd’hui. » Qu’en est-il vraiment de ces chiffres ? 20 Minutes fait le point.

FAKE OFF

Selon le raisonnement de François Ruffin, puisque le travail serait plus pénible aujourd’hui, il serait peu logique de repousser l’âge de la retraite. Puisque les travailleurs seraient plus fragiles et plus épuisés qu’avant.

Les contraintes physiques évoquées par le député sont les suivantes selon les différentes études menées : Rester longtemps debout, rester longtemps dans une autre posture pénible ou fatigante, effectuer des déplacements à pieds longs ou fréquents, porter ou déplacer des charges lourdes, effectuer des mouvements douloureux ou fatigants, subir des secousses ou des vibrations.

Une étude du ministère du Travail intitulée « Quelles sont les évolutions récentes des conditions de travail et des risques psychosociaux ? », et publiée en 2017, confirme les propos de François Ruffin. En 1984, 12 % des salariés déclaraient effectivement subir au moins trois contraintes physiques, notamment porter une charge lourde, rester dans une posture pénible, ou encore subir des secousses ou des vibrations. En 2016, lors de la réalisation de cette étude, cela a presque été multiplié par trois, passant ainsi à 34 %.

Les ouvriers les moins qualifiés sont pénalisés. Ils sont 63 % à subir ces contraintes en 2016, soit trois fois plus qu’en 1984. Ceux dont l’évolution est la plus catastrophique sont les employés de commerces et services, contrairement à ce à quoi on aurait pu s’attendre. Ils étaient 13 % à subir au moins trois de ces contraintes physiques dans les années 80, et 35 ans plus tard, ils sont désormais 46,9 %.