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Polynésie : Les indépendantistes favoris avant le second tour des Territoriales

Favoris du second tour des élections territoriales dimanche en Polynésie française, les indépendantistes pourraient bénéficier pour la première fois d’une majorité stable pour gouverner la collectivité d’Outre-Mer, en plein cœur du Pacifique sud. Le député indépendantiste Moetai Brotherson, candidat à la présidence du territoire situé à 17.000 km de Paris, a tempéré pendant toute la campagne la ligne dure prêtée à son parti.

« Honnêtement, je pense qu’on ne peut pas envisager un référendum avant dix ou quinze ans, mais tout va dépendre des discussions avec l’Etat », a-t-il déclaré sur l’île de Tahiti, en écartant l’idée d’une indépendance rapide de la collectivité. « On veut bâtir ce pays avec tous ceux qui l’aiment », a ajouté Moetai Brotherson, gendre d’Oscar Temaru, figure de l’indépendantisme polynésien. A 78 ans, Oscar Temaru, ancien président de la Polynésie française, a conservé la tête de liste et la présidence de son parti. Fatigué, il s’est cependant peu exprimé pendant la campagne, laissant la place à Moetai Brotherson et à la jeune garde du parti, comme les députés Tematai Le Gayic et Steve Chailloux.

Vers une majorité stable indépendantiste

Les indépendantistes sont arrivés en tête au premier tour avec cinq points d’avance (34,9 %) sur leur principal adversaire, la liste autonomiste conduite par le président sortant Édouard Fritch (30,46 %). Ils seront aussi opposés, dans une triangulaire, à une autre liste autonomiste (14,53 %), qui a très peu de chances de l’emporter. La collectivité bénéficie d’une large autonomie au sein de la République française. L’assemblée de la Polynésie française, composée de 57 membres élus pour cinq ans au suffrage universel direct, doit élire à la mi-mai le président de la collectivité, lors d’un vote à bulletin secret. Et ce président constituera son propre gouvernement ayant fonction d’exécutif.

Renversés au gré des alliances et mésalliances entre 2004 et 2013, les indépendantistes n’ont jamais conservé le pouvoir pendant un mandat complet depuis la création du parti en 1977. Mais cette fois, la liste gagnante obtiendra une prime majoritaire de 19 sièges sur 57 et disposera d’une majorité solide pendant les cinq ans du mandat. Indépendantiste modéré, Moetai Brotherson, 51 ans, fédère au-delà de l’électorat traditionnel et populaire de son parti. Il séduit notamment les déçus d’Édouard Fritch, candidat à sa propre succession après neuf ans de présidence, qui se présente comme le barrage contre l’indépendance.

Alliance de la carpe et du lapin

Édouard Fritch, 71 ans, a joué son va-tout en s’alliant au lendemain du premier tour avec Gaston Flosse, son ancien mentor et ex-beau-père, avec lequel il était brouillé. Après neuf ans sans autres échanges que des invectives, les deux hommes ont annoncé leur réconciliation et leur alliance. Condamné à de multiples reprises et inéligible, Gaston Flosse, 91 ans, n’a pu participer au scrutin. Mais la liste conduite par son parti (11,88 %) est passée tout près du score requis (12,5 %) pour se qualifier au second tour.

Sur le papier, l’addition de leurs voix peut leur permettre de battre les indépendantistes. Mais la fusion de leurs listes – qualifiée d’« alliance de la carpe et du lapin » par l’indépendantiste Antony Géros – pourrait faire fuir une partie de leurs électeurs. Tous les candidats de l’opposition ayant fait campagne sur le dégagisme, les reports de voix des candidats éliminés devraient peu bénéficier au président sortant.

Répartis sur une surface équivalente à celle de l’Europe, les différents archipels de Polynésie représentent quelque 209.000 électeurs inscrits. Le scrutin s’ouvre dimanche à 8h00 (heure locale, 20h00 heure de Paris) et se clôt à 18h00, 19h00 ou 20h00 selon les communes (heure locale, 6h00, 7h00 ou 8h00 lundi 1er mai heure de Paris).