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Pérou : 418 touristes bloqués au Machu Picchu à cause des tensions dans le pays ont été évacués

Le train qui devait leur permettre de quitter le Machu Picchu ne pouvait plus circuler, les voies ayant été endommagées par des manifestants. Quant au sentier de l’Inca, l’unique autre chemin pour accéder au site, il est fermé « en raison de la situation sociale et pour préserver la sécurité des visiteurs », selon un communiqué du ministère de la Culture. Des centaines de touristes étaient donc bloqués depuis quelques jours au pied du site péruvien le plus célèbre.

Une solution a finalement pu être trouvée. « Cet après-midi, 418 touristes nationaux (péruviens) et étrangers ont été transférés du village de Machu Picchu vers Cuzco », la capitale impériale inca et touristique du Pérou, a annoncé le ministère du Tourisme sur twitter.

Listes d’évacuation

Le ministère a publié une photo du train qui relie les deux villes et une autre des touristes à l’intérieur de celui-ci. Hormis la marche, le train est l’unique moyen de rejoindre le joyau touristique. Piscacucho est le village le plus proche relié au réseau routier. Les touristes, de toutes nationalités, s’étaient inscrits sur des listes vendredi à Aguas Calientes pour se faire évacuer.

En décembre, quelque 300 touristes avaient déjà été bloqués au Machu Picchu avant d’être évacués par un train spécial avec des cheminots pour réparer la voie, encadrée par des forces de l’ordre. Le tourisme, vital pour l’économie, représente entre 3 et 4 % du PIB et donne de l’emploi à toutes les strates de la population.

Vives tensions dans le pays

La matinée avait été endeuillée par un nouveau mort, un manifestant décédé des suites de ses blessures reçues vendredi lors de heurts entre policiers et protestataires à Ilave dans la région du Puno (sud, près de la Bolivie).

Cela porte à 46 le nombre de morts depuis le 7 décembre et le début des protestations demandant la démission de la présidente Dina Boluarte, la dissolution du Parlement et la constitution d’une Assemblée constituante.

Les troubles ont commencé après la destitution et l’arrestation du président de gauche Pedro Castillo, accusé d’avoir tenté un coup d’Etat en voulant dissoudre le Parlement qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir.

La crise est aussi le reflet de l’énorme fossé entre la capitale et les provinces pauvres qui soutenaient le président Castillo, d’origine amérindienne, et voyaient son élection comme une revanche sur ce qu’ils considèrent comme le mépris de la capitale.

Usage disproportionné de la force

A Lima, au lendemain de deux journées de mobilisation, avec l’arrivée dans la capitale de manifestants venus des régions andines pauvres, la situation restait tendue. Les forces de l’ordre ont investi dans la matinée l’université San Marcos au centre-ville, pour en expulser de nombreux manifestants qui y logeaient depuis plusieurs jours.

Elles ont abattu le portail avec un véhicule blindé, puis ont fouillé les occupants des lieux, les obligeant parfois à se coucher sur le sol devant l’université, ont constaté des journalistes de l’AFP, avant d’en arrêter certains. Plusieurs centaines de personnes se sont réunies dans l’après-midi près de la police pour obtenir leur libération, certains brandissant des pancartes « Dina assassine ».

La police les a dispersés en début de soirée, avec des tirs de gaz lacrymogène. D’autres petits groupes ont manifesté dans la capitale avec les mêmes revendications.