France

Nord : Trente ans de réclusion criminelle pour le bourreau de Sandra

« Je n’ai plus rien à dire. » Laconique, Hocine H. a rapidement ponctué son procès, vendredi matin, aux assises du Nord, à Douai. Le jury, parti délibérer dans la foulée, l’a finalement condamné à trente ans de réclusion criminelle et à cinq ans de suivi sociojudiciaire, pour meurtre, mais aussi pour viol. Le regard noir, l’homme de 35 ans a accueilli le verdict de façon impassible. Lui qui avait achevé son acte de contrition envers la famille de la victime d’un médusant « Big pardon ! ».

Chemise en jean bleu ciel, la barbe et le cheveu courts, cet homme à l’allure sportive et amaigri, avait « massacré » sa compagne, Sandra, le 1er mai 215, à Hazebrouck. La femme de 41 ans, qu’il avait un temps prostituée, avait été battue à mort pendant cinq heures. L’autopsie avait recensé pas moins de 20 fractures et 144 lésions. « Quelque chose qui relève du supplice », avait notamment énoncé l’avocat général, Sébastien Piève, dans son réquisitoire.

Un quotient intellectuel de 79

Le magistrat a été suivi dans ses demandes d’enfermer pour très longtemps Hocine H., reconnu responsable de ses actes par quatre experts. Malgré un grave accident de moto en 2007 qui a modifié son comportement, comme l’affirme sa famille. Malgré un quotient intellectuel de 79, comme n’a cessé de le marteler son avocat, Damien Legrand.

Il faut dire que le poids de la culpabilité était particulièrement lourd. Son casier ne comportait pas moins de 14 condamnations pour divers délits. La cour d’assises a reconnu « l’acharnement », la « volonté de tuer » et les « antécédents de violence » d’Hocine H.. « C’est un grand soulagement pour la famille, notamment pour la reconnaissance du viol qui était contesté, a souligné Blandine Lejeune, après le verdict. La cour a motivé sa sanction en évoquant une violence d’une rare intensité. La peine devait être sévère. » En larmes, la mère de Sandra a également fait part de son soulagement devant la presse.

Faillite du système judiciaire

Mais durant ce procès, c’est aussi la faillite du système judiciaire qui a rejailli. Avant la mort de Sandra, au moins deux ex-compagnes avaient déposé plainte pour violences en 2009 et 2013. Sandra, elle-même, avait porté plainte, avant de se rétracter. « Cet homme aurait pu être jugé 1.000 fois, et en 2023 on vous demande de réparer ce qui a été écarté il y a de ça bien longtemps, c’est-à-dire la justice, a lancé Damien Legrand, avocat de l’accusé, dans son plaidoyer de défense. La défaite, c’est la résignation des victimes. C’est Sandra qui n’appelle pas la police parce qu’elle sait qu’elle ne viendra pas, c’est le voisin qui entend du bruit mais qui n’appelle pas. »

Du fond de sa cellule, Hocine H. n’en a peut-être pas fini avec la justice. Lors de sa dernière remise en liberté, en 2020, avec la crise du Covid-19, il a été accusé de violences et de viol par une nouvelle compagne. Il risque de comparaître à nouveau dans le cadre de cette affaire.