France

Musique ou culture G, les quiz « clé en main » cartonnent dans les bars

« Je connais ça, je connais, c’est… Johnny Hallyday !!! » Il est 22h15 jeudi soir et l’ambiance est autant festive que studieuse dans la grande salle de la Little Atlantique Brewery (LAB), brasserie désormais incontournable du quartier Bas-Chantenay à Nantes. Plusieurs centaines de personnes, un stylo dans une main une bière dans l’autre, tendent l’oreille en espérant reconnaître un maximum des 40 titres passés par le DJ, perché à l’étage. Sofia, qui est venue avec ses collègues « passer un bon moment à l’occasion de son pot de départ » a déjà coché plusieurs cases de sa grille de « bingo musical » spécial « reprises ». Mais pas le temps pour la jeune femme de compléter sa ligne de cinq morceaux qu’un concurrent court déjà vers l’animateur : le premier lot, un pichet de bière, a été décroché. Rien n’est perdu, il y a encore le reste de la grille à compléter… et une minute derrière le bar à gagner.

Ces derniers temps, les jeux musicaux et quiz de culture générale semblent faire leur grand retour dans les cafés et bars. Si certains gérants les organisent de A à Z, d’autres se tournent vers Cotton, une entreprise nantaise qui a décidé de donner à ces traditionnelles animations un petit coup de jeune, en proposant une solution clé en main. « Les jeux suscitent des moments ludiques, conviviaux, et permettent d’attirer la clientèle grâce à un rendez-vous régulier, avance Romain Vénisse, le président et cofondateur. Le problème, c’est que ça prend énormément de temps de les préparer. Nous proposons donc des outils faciles et sur mesure, que l’on peut personnaliser : nous avons plus de 5.000 questions de culture générale dans 200 thématiques pour les quiz, 70 playlists différentes pour les bingos… » Pour un abonnement de 69 euros mensuel, lui permettant d’organiser une session par mois, l’établissement a accès à une appli permettant à l’animateur, en général un membre du staff, d’être guidé dans toutes les phases du jeu.

Pour gagner au bingo musical, il faut reconnaître assez de chansons pour compléter une ligne horizontale, voire toute la grille
Pour gagner au bingo musical, il faut reconnaître assez de chansons pour compléter une ligne horizontale, voire toute la grille – J. Urbach / 20 Minutes

Lancé pendant le Covid, le service aurait déjà séduit 250 bars partout en France, avec des événements quasiment tous les soirs, en afterwork ou un peu plus tard dans la soirée. Sur le site, plus de 15.000 profils de joueurs sont enregistrés, dont les plus accros s’affrontent régulièrement lors de compétitions interbars. Un succès qui ravit Romain Vénisse, un ancien patron de café qui s’est lancé dans l’aventure de la création d’entreprise après avoir lui-même préparé des jeux toutes les semaines pendant des années, sur des tableaux Excel. « Il y a une vraie communauté qui se crée comme celle que j’avais réunie à l’époque dans mon café-concert, assure-t-il. Les quiz ont ce petit esprit de compétition qui fait qu’on a envie de revenir, de faire mieux. Le bingo, c’est beaucoup plus festif, ça dynamise un établissement. Et ça booste les consommations. »

« Je viens toutes les semaines »

Au LAB, Clément, le programmateur, le confirme. Celui qui n’a plus le temps de préparer ses playlists, piochant donc régulièrement dans celles de Cotton, apprécie aussi l’aide technique de l’application quand il faut vérifier les grilles des participants survoltés. D’un œil, il compare les numéros de titres grisés sur son écran, et ceux qui ont été cochés par les joueurs sur la feuille de papier. « Je le fais à la mémoire mais parfois, quand il y a du monde, on monte à 300 fiches de bingo, donc il ne faut pas se tromper, sourit l’animateur. Surtout que les gens ont la gagne, toujours dans une bonne ambiance et pour se marrer bien sûr ! On voit les mêmes visages qui reviennent, beaucoup ne veulent plus manquer ce rendez-vous. »

Ce jeudi, l’un d’entre eux a carrément réservé une table. « Depuis que j’ai découvert le jeu il y a un an et demi, je viens toutes les semaines, assure Clément, 35 ans, une barquette de frites et plusieurs grilles devant lui. C’est super sympa, bon enfant, on mange, on boit… » En face de lui, un ami bouge les bras au rythme d’une reprise de La chanson populaire de Cloclo. « Vous voyez, lui il ne voulait pas venir au départ… et finalement, il s’éclate ! »

Après les bars, Cotton espère déployer ses jeux dans les hôtels, les centres de vacances, mais aussi dans les entreprises à l’occasion de séminaires ou d’événements de communication, et pourquoi pas… dans les maisons de retraites.