France

Lyon : Une centaine de prostituées « sans solution » après un arrêté de la préfecture

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le 15 avril dernier, la préfecture du Rhône indiquait « réfléchir à des moyens d’action » face aux activités de prostitutions de la Plaine des jeux de Gerland, dans le 7e arrondissement de Lyon. Quinze jours plus tard, elle vient d’annoncer la mise en place immédiate d’un arrêté pour interdire le stationnement de ces camionnettes jusqu’au 31 octobre 2023, « pour l’instant ».

Dans un communiqué, les services de l’Etat évoquent comme raisons une « atteinte manifeste à la tranquillité publique », citant notamment une « multiplication des faits de violences » à proximité « immédiate des équipements sportifs fréquentés par des jeunes enfants ». Depuis plusieurs mois, un collectif de parents alertait les autorités à ce propos.

Pas d’expulsion mais une accentuation des contrôles

Au total, plus de « vingt de rues » sont concernées afin d’« anticiper un report potentiel des activités » sur d’autres voies, justifie la préfecture. « Il ne s’agit pas d’une expulsion », insistent les autorités, précisant que les patrouilles et les contrôles seront simplement accentués.

Pourtant, dès ce jeudi, une vingtaine de policiers se sont rendus sur place avec un camion de la fourrière. Des verbalisations étaient dressées si la consigne de quitter les lieux n’était pas respectée. Trois camionnettes « vides » ont été retirées, indique la préfecture qui assure que cette opération était « pédagogique ».

« On n’écoute pas les femmes concernées »

Une situation qui inquiète Lola Levy, membre de l’association d’aide aux travailleuses et travailleurs du sexe, Cabiria. Elle pointe « l’absence de considération » et « le mépris » des autorités. « Pendant des mois, Cabiria s’est concentrée sur la médiation entre tous les acteurs pour trouver des solutions qui conviennent à toutes et tous, poursuit-elle. Les filles pensaient avoir réussi à être des interlocutrices directes mais au final, on ne les écoute pas. On veut juste qu’elles s’en aillent. »

Elle ajoute : « Plus d’une centaine de femmes se retrouvent sans solution. Elles n’ont pas d’autres endroits pour exercer leurs activités. Si elles sont isolées des autres, elles pourraient subir davantage de violences. »

Le travail d’accompagnement de la mairie continuera « quel que soit le lieu »

De son côté, la ville de Lyon « prend acte » de cette mesure même si elle n’envisageait pas d’employer ce type de moyens et souhaitait agir « sur le fond du problème ». Elle avait d’ailleurs demandé à la préfecture d’« effectuer un travail conjoint pour améliorer la situation ».

« Cette nouvelle réglementation ne fait que déplacer et repousser le problème. D’autres enfants seront confrontés exactement à la même chose plus tard », répète une nouvelle fois à 20 Minutes, Mohamed Chihi, adjoint au maire de Lyon, délégué à la sûreté, à la sécurité et à la tranquillité. Avant d’appuyer : « Nous savons que ce n’est pas simple mais il aurait été préférable d’adopter une approche plus humaniste. Au-delà des arrêtés anti-stationnement, nous attendions des actions concrètes pour lutter face aux réseaux de proxénètes par exemple. » L’élu affirme alors que la mairie continuera le travail engagé avec ces femmes et des associations partenaires pour assurer « leur sécurité, leur santé et leur hygiène » et ce, « quel que soit le lieu où elles se trouvent ».