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Lyon : Un an après son instauration, la limitation à 30 km/h est-elle respectée ?

Stéphane s’est placé au début du cours d’Herbouville à Lyon. Armé de jumelles, il va contrôler la vitesse des automobilistes roulant sur cet axe limité à 30 km/h depuis un an, comme 84 % de la ville. « C’est une voie bordée d’habitations, avec une voie bus qui est également utilisée par des vélos et des trottinettes, examine-t-il. La limitation est complètement justifiée, ça a un effet positif pour la sécurité de tous les usagers de la route. »

Avec son équipe de motards, il effectue en moyenne « quatre à cinq opérations de contrôle par jour » sur « plusieurs points ». « En fonction des créneaux horaires et des endroits, on dresse plus ou moins de verbalisations », constate-t-il. Les excès de vitesse les plus impressionnants sont généralement sur « les grands axes comme les quais » à des heures où « il y a moins de monde ». « On n’arrête pas quelqu’un pour 32 km/h. Mais encore hier, on a interpellé une personne qui roulait à 114 km/h, au lieu de 30 km/h ! A 12h15 ! », s’exclame-t-il. Dans ce cas, la rétention de permis est automatique.

La « ville 30 » pour « l’intérêt général »

Selon cet agent qui officie dans la police municipale depuis dix-sept ans, les infractions seraient davantage faites par « des personnes qui n’habitent pas l’agglomération ». « Mais à partir du moment où, sur le panneau d’entrée de la ville, c’est indiqué 30 km/h, ça veut dire que ça s’étend à la quasi-totalité des voies », fait-il remarquer. Il ajoute : « En étant sur le terrain tous les jours, je trouve que, globalement, les Lyonnais ont réduit leur vitesse ». En trente minutes, cinq personnes avaient été arrêtées ce jour-là.

Dont Véronique, contrôlée à 61 km/h. « Le policier a raison, c’est marqué partout », concède-t-elle en se justifiant « d’être en retard ». « Je ne savais pas, lance-t-elle ensuite. J’habite à Caluire, je passe rarement en ville. D’habitude, je fais attention. D’autant plus qu’il y a des vélos et des trottinettes partout, on est obligé d’être prudent. » Comme « la plupart du temps », selon l’agent de police, cette automobiliste reconnaît sa faute.

Mais à ceux qui râleraient, Valentin Lungenstrass, adjoint au maire, délégué aux mobilités, plaide « l’intérêt général ». « Il faut penser au sens collectif, poursuit-il. Cette mesure a été mise en place pour vivre dans un espace plus sécurisant et ne fonctionne qu’avec les efforts que chacun peut faire ». Il rappelle : « Quand une voiture percute un piéton, il a 80 % de chance de mourir. A 30 km/h, ce risque est réduit drastiquement à 10 %. »

La ville de Lyon sur la bonne voie

Pour s’assurer de cette bonne conduite, la municipalité a augmenté drastiquement les contrôles effectués. « On était à 40 opérations en février 2022, on est à 350 pour cette année », confie Mohamed Chihi, adjoint à la sécurité. Il conçoit qu’il est difficile de faire des liens de corrélation entre le nombre de verbalisations (554 en un an) et le respect de la réglementation puisque les contrôles sont plus fréquents.

Mais l’objectif de la ville est sur la bonne voie. D’après ses chiffres, l’accidentalité a baissé de 22 % entre l’année 2019 et 2022. Le nombre de blessés hospitalisés a lui aussi diminué, de 40 %.

Même bilan du côté de la métropole de Lyon qui s’est engagée elle aussi dans le dispositif « ville 30 ». Aujourd’hui, dix-huit communes, sur cinquante-neuf, appliquent cette réglementation, qui concerne alors 45 % de la population. L’objectif est d’atteindre les deux tiers d’ici la fin du mandat, a déclaré le vice-président à la voirie et aux mobilités, Fabien Bagnon. « C’est un sujet fédérateur », assure-t-il.

Objectif « zéro tué et zéro blessé grave »

Les deux collectivités vont plus loin dans leur engagement et visent « zéro tué et blessé grave ». Au-delà de la zone 30, les mesures prises pour remplir cet « objectif à long terme », concernent l’aménagement des voiries avec « plus de pistes cyclables sécurisées », la création « de zone piétonne » comme en Presqu’île, en plus de « la sécurisation autour des écoles », cite le maire de Lyon, Grégory Doucet.

Les élus en appellent désormais à l’Etat pour que soient déployés des radars en milieux urbains afin de « faire respecter au mieux le dispositif ».