France

Lille : Elle cartonne sur TikTok avec ses vidéos d’insectes velus et pleins de pattes

« Les insectes sont nos amis, il faut les aimer aussi », chantaient les Inconnus en 1991, à peine quelques années avant la naissance de Léna Polin. Hasard ? On ne croit pas. Parce que la jeune femme, aujourd’hui âgée de 28 ans, en est encore à se demander d’où peut bien lui venir cette passion pour les scarabées, phasmes, coléoptères, fourmis, abeilles, mille-pattes et autres bestioles dans le genre. Une passion dont la Lilloise a fait son métier, et qu’elle transmet notamment sur TikTok à ses 105.000 abonnés.

Âmes sensibles, ne vous abstenez pas, allez donc faire un tour sur le compte de Léna, alias Scarabête sur TikTok. Vous verrez la jeune femme manipuler en toute décontraction des bêtes comme vous n’en avez jamais vu ailleurs que dans vos cauchemars : « Petits pieds » le mille-pattes géant, Courgette et Aubergine, d’impressionnants Lucanes ou encore Meghan son « coléoptère de compagnie ».

« Il existe une appréhension naturelle envers les insectes »

« Chez moi, en ce moment, j’élève une dizaine d’espèces. Essentiellement des insectes. Mais j’ai aussi Charlie et Lulu, deux escargots africains géants », clame fièrement Léna. Et quand elle dit « chez moi », elle ne parle pas d’une ferme isolée à la campagne, mais bel et bien d’un petit appartement en plein milieu de Lille. Sa ménagerie ne rebute d’ailleurs pas (plus) ses proches, Léna étant parvenue à « convertir » tout son entourage.

« Il existe une appréhension naturelle envers les insectes et je comprends cela », reconnaît l’entomologiste. Appréhension qu’elle s’évertue à guérir par la pédagogie. « J’élève des insectes d’abord parce que j’aime ça, mais aussi pour pouvoir les manipuler lors de démonstration en public. Cela permet aux gens de mieux appréhender comment ils sont, de les observer, et les personnes en ressortent plus rassurées, explique-t-elle. Sur les réseaux sociaux, c’est la même chose, me filmer en train de les manipuler prouve qu’ils ne sont pas dangereux et qu’ils sont aussi mignons parfois ».

Les insectes c’est culturel

L’audience générée par le compte TikTok Scarabête en atteste, ça fonctionne. Un succès qui étonne encore la Lilloise : « Je pensais toucher des personnes déjà acquises à la cause des insectes à la base. Sauf que ça va bien au-delà. Je reçois d’ailleurs beaucoup de messages de personnes qui étaient phobiques des insectes et qui ont désormais changé d’avis », se félicite-t-elle.

Pourtant, entre passer le cap de la phobie et aller jusqu’à adopter un coléoptère comme animal de compagnie, il y a un fossé. « Dans de nombreux pays, notamment en Asie de l’est, c’est normal d’avoir des insectes en tant qu’animaux de compagnie », assure Léna, dont la spécialité est l’entomologie culturelle. « Là ou les enfants chez nous ont un rongeur ou un lapin, dans ces pays ce sont plutôt de gros coléoptères », assure-t-elle. Et les arguments plaident en faveur des insectes : « ça demande peu d’engagement en termes de temps, c’est facile et assez peu cher », liste Léna. En revanche, côté attachement, c’est plutôt unilatéral reconnaît l’entomologiste : « Oui, il y a une distance entre les insectes et nous. Cela n’empêche qu’ils sont fascinants à observer parce que certaines espèces ont leur personnalité. Comme les Lucanes qui ont un sale caractère ».

« Il n’est jamais trop tard »

Outre l’aspect ludique, c’est un autre message, plutôt optimiste, que souhaite faire passer Léna : « l’humanité ne survivrait pas dans un monde sans insectes. Cependant, il n’est jamais trop tard, parce que ce sont des animaux très prolifiques et qu’il est très facile de faire machine arrière », insiste-t-elle. Sans aller jusqu’à remplir son appartement de terrariums, Léna estime « que chacun peut agir à son échelle et obtenir rapidement des résultats ». Aménager une cabane à insectes, laisser des bouts de jardin en friche. « On l’a observé pendant les confinements, beaucoup d’espèces sont revenues dans les villes », rappelle-t-elle.

Parce qu’aucun insecte ne sert à rien. Même le moustique, « l’animal le plus meurtrier du monde », qui va vous pourrir toute une nuit avec son « Bzzzz » relou, mettrait en péril toute une faune dont il est l’aliment préféré s’il venait à disparaître. « Sans oublier que pour l’homme aussi les insectes sont une excellente source de protéines, ajoute Léna, qui nous permettrait de consommer moins de viande. »