France

Le maire de Saint-Brevin pas assez soutenu par l’Etat ? Le préfet se défend

La démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick Morez, victime d’un incendie criminel et sous pression de l’extrême droite, suscite un flot de réactions de solidarité des associations d’élus, qui réclament plus que jamais un accompagnement de l’Etat. Le maire, qui met en cause le « manque de soutien de l’Etat », a non seulement annoncé sa démission après quinze ans de conseil municipal, mais également son déménagement de la ville où ce médecin généraliste de profession vit depuis 32 ans.

Dénonçant jeudi « une énième manifestation de la violence à laquelle doivent de plus en plus faire face les élus », l’Association des maires de France (AMF) a réclamé en urgence des réponses « à la hauteur des enjeux ». « Il est honteux qu’un maire soit dans cette situation de refus de continuer à vivre dans la cité dont il a été le maire pendant tant d’années », a réagi André Laignel (PS), premier vice-président de l’AMF, critiquant la « démission scandaleuse de l’Etat qui n’a pas été aux côtés de Yannick Morez », alors que c’est l’Etat lui-même qui décide des lieux d’implantation des Cada (Centre d’accueil de migrants).

Un soutien de l’Etat « permanent »

« Il y a des mesures qui ont été prises, suite à un certain nombre d’intimidations, notamment de protection spécifique, en particulier sur le domicile. Des patrouilles régulières de la gendarmerie nationale, notamment après l’incendie », a assuré le préfet de Loire-Atlantique, Fabrice Rigoulet-Roze, lors d’un point presse à Nantes. « Il avait des échanges très récents avec les militaires de la gendarmerie nationale pour évaluer les intimidations et la pression qu’il ressentait », a-t-il encore ajouté.

Le préfet a assuré que « le soutien de l’Etat » avait été « permanent, tout au long du processus de construction de ce projet de Cada à Saint-Brévin ». « Le soutien de l’Etat, depuis 2021, a toujours été constant, à la fois auprès du maire, auprès du conseil municipal de Saint-Brévin, avec la participation notamment, dès le départ, de l’Etat, aux côtés de la municipalité, dans le cadre de réunions publiques, de concertations, d’échanges », a poursuivi Fabrice Rigoulet-Roze.

« Un terrorisme intellectuel et parfois physique »

Saint-Brevin n’est pas un cas isolé. Des manifestations d’extrême droite et menaces envers les élus ont eu raison du projet d’accueil de réfugiés de Callac, en Centre-Bretagne. A Bélâbre, dans l’Indre, un projet d’installation de Cada de 38 places a également suscité un déferlement de haine. « Ça fait des mois qu’on alerte sur les groupuscules d’extrême droite qui font régner un terrorisme intellectuel et parfois physique sur les élus », souligne André Laignel, élu de l’Indre.

Face au tollé, la ministre déléguée des Collectivités territoriales Dominique Faure a indiqué qu’elle dévoilerait la semaine prochaine « de nouveaux moyens pour prévenir et lutter contre les atteintes aux élus ». Elle avait déjà annoncé mi-mars la création d’une « cellule d’analyse et de lutte » dédiée à la lutte contre les atteintes aux élus. Une mesure encore non suivie d’effets, selon l’AMF. Une loi promulguée en janvier permet par ailleurs aux associations d’élus de se constituer partie civile.