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La Serbie et le Kosovo se retrouvent pour discuter du plan de paix proposé par l’UE

Malgré des positions qui semblent irréconciliables, Josep Borrell tentera à nouveau de rapprocher le Premier ministre kosovar Albin Kurti et le président serbe Aleksandar Vucic ce samedi, sur les rives du lac Ohrid en Macédoine du Nord. Plus de deux décennies après une guerre meurtrière entre rebelles indépendantistes kosovars et forces serbes, le chef de la diplomatie de l’UE espère leur faire signer un plan de paix, un mois après l’échec de pourparlers à Bruxelles.

Le document européen, qui comporte 11 articles, stipule que les deux parties reconnaîtront « mutuellement leurs documents et symboles nationaux respectifs » et qu’elles ne feront pas usage de la violence pour résoudre leurs différends. Le texte prévoit aussi que « la Serbie ne s’opposera pas à l’adhésion du Kosovo à une organisation internationale ». Il propose également d’accorder « un niveau approprié d’autogestion » pour la minorité serbe du Kosovo.

Une signature serbe pourrait ne rien changer

Mais la Serbie refuse toujours de reconnaître l’indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province, dont la population de 1,8 million d’habitants et habitantes, très majoritairement d’origine albanaise, compte une communauté serbe d’environ 120.000 personnes. Depuis la guerre, qui prit fin en 1999 avec des bombardements de l’Otan, les relations entre Pristina et Belgrade vont de crise en crise. Après les discussions de Bruxelles, Aleksandar Vucic a juré de ne jamais reconnaître le Kosovo, ajoutant n’avoir aucune intention d’aider Pristina à entrer aux Nations unies.

Le président serbe a encore prévenu à quelques jours de la réunion d’Ohrid qu’il « n’avait pas l’intention de signer quoi que ce soit ». La rencontre ne « sera ni historique ni révolutionnaire », a-t-il lancé. Le Premier ministre kosovar s’est dit pour sa part optimiste quant à la possibilité de parvenir à un accord, ajoutant cependant que la responsabilité d’une signature incombait à la partie serbe.

Les analystes soulignent qu’une éventuelle signature ne serait pas forcément synonyme de succès immédiat. « Je m’attends à ce que les deux parties acceptent le projet », souligne Dusan Milenkovic, du Centre pour le dialogue social et l’initiative régionale à Belgrade. « Je ne peux pas dire que ce sera du lourd, car le lourd ne se produira que lorsque le projet aura été mis en application ». La plupart des accords précédents conclus sous l’égide de Bruxelles sont restés lettre morte. Albin Kurti espère qu’un pacte permettra au Kosovo d’entrer à l’ONU et dans les institutions internationales, une demande cruciale pour Pristina.