France

Gironde : Après les incendies, comment l’ONF redonne vie au littoral ?

5.800. C’est le nombre d’hectares qui ont brûlé rien que dans la commune de La Teste-de-Buch lors des incendies qui ont ravagé la Gironde l’été dernier. Au centre des débats au lendemain d’un épisode historiquement tragique, l’ONF, propriétaire et gestionnaire de la forêt domaniale de La-Teste-de-Buch, pour qui la phase de reconstruction est d’ores et déjà entamée.

« L’été dernier, ce sont plus de 1.000 hectares de forêts domaniales qui ont brûlé, c’est 53 % du total de la forêt, explique Yan Rolland, responsable du service bois à l’Office National des Forêts de Landes-Nord-Aquitaine. C’est plus de dix fois la récolte annuelle classique qu’on a dû exploiter en moins de 6 mois à cause des incendies ». Alors, à la veille d’une nouvelle saison estivale, l’objectif est clair : « rouvrir la forêt et les accès à l’océan rapidement tout en garantissant la sécurité et en reconstruisant la forêt ». Des enjeux de taille, même si les agents de l’ONF l’admettent volontiers : « Comme pour Rome, tout cela ne se fera pas en un jour ».

« L’idée, c’est la sécurisation des lieux »

Et pour cause : l’ONF estime à 29,13 % le taux de la forêt de La Teste-de-Buch qui avait été complètement brûlée. Au total, c’est 1,5 million d’euros de dégâts sur les équipements. Particulièrement touchés, les « plans-plages », servant auparavant à accueillir les véhicules de 800.000 visiteurs par an se rendant à la plage. Parmi eux, celui du Petit-Nice, de la Lagune et de la Salie. Le parking de celle-ci n’a d’ailleurs toujours pas rouvert. « On espère une réouverture avant le mois de juillet », anticipe Cédric Bouchet, responsable du Pôle Accueil, Biodiversité et développement à l’ONF. Depuis, les plages ont presque toutes rouvert et la seule qui n’accueille pas encore de public est fermée à cause de l’érosion. Tout comme la piste cyclable qui longe la côte, qui devrait de nouveau permettre de circuler entre La Teste-de-Buch et Biscarrosse d’ici l’été.

Après les incendies qui ont ravagé la Gironde durant l’été dernier, l’ONF s’active pour redonner vie au littoral.
Après les incendies qui ont ravagé la Gironde durant l’été dernier, l’ONF s’active pour redonner vie au littoral. – Nelio Da Silva

Après avoir nettoyé les zones ravagées par les flammes, les agents de l’Office en charge de la gestion des forêts publiques ont procédé à la sécurisation des lieux destinés à recevoir du public. « L’idée, c’est d’abord de rendre plus sûres les zones à chaque fois, tempère Cédric Bouchet. Après l’élagage et le nettoyage, on a dû procéder à la reprise des places de parking, dont certaines s’étaient affaissées de près de 40 centimètres, en y mettant des copeaux de bois. Ensuite il a fallu reprendre la pose de ganivelles, poteaux, pieux et recréer des espaces vélos ». Au total, ce sont près de 8 km de ganivelles, 3.500 poteaux et 7.500 pieux qui sont venus reprendre vie sur les zones sinistrées. Soit plus d’un million d’euros qui ont été investis pour le réaménagement du territoire.

L’ONF table sur une « régénération naturelle »

Pour ce qui est de la végétation, l’ONF table sur une régénération naturelle. « Il faudra entre trois et cinq ans pour lancer un nouveau cycle de régénération, estime Francis Maugard, expert des risques naturels à l’ONF. De toute façon on ne pourrait pas replanter avant deux ans à cause des insectes qui pourraient s’en prendre aux jeunes plants. » Pour le moment, cette régénération n’est que « peu visible, ou alors ponctuellement », mais les premières pousses pointent le bout de leur nez. « On ne s’interdit pas d’intervenir dans les zones où la forêt n’a pas pu reprendre ses droits », lance l’expert de l’Office National des Forêts.

En attendant, l’été arrive et les opérateurs de l’ONF comptent bien sur la responsabilité de chacun afin de s’éloigner au maximum des risques. « On sait que 90 % des incendies en France sont d’origine humaine », embraye Francis Maugard. Et Cédric Bouchet d’enchaîner : « On en appelle à la vigilance et la responsabilité de chacun, l’ONF a un pouvoir “de police “mais ce n’est pas son rôle premier ». Et de conclure sans vraiment redonner le sourire à l’assemblée : « On se l’est tous dit cette année : c’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de victime humaine ». En espérant qu’il n’y en ait pas besoin cette année.