France

Gard : Des enfants harkis, enterrés sans sépultures il y a soixante ans, vont avoir droit à leur cimetière

Un cimetière et un mémorial seront érigés sur le terrain militaire du Gard, où des dizaines d’enfants, morts dans des camps harkis, ont été enterrés sans sépultures dignes, il y a soixante ans, a promis vendredi le gouvernement français. « Nous devons réparer et reconnaître le mal qui leur a été fait », a déclaré Patricia Mirallès, la secrétaire d’État chargée des Anciens combattants, lors d’une visite sur le site de l’ancien camp de Saint-Maurice l’Ardoise, au nord de Nîmes, puis sur le terrain militaire où les tombes de 27 personnes, presque toutes des enfants, voire des nourrissons, ont été mises au jour.

« Les familles pourront récupérer les corps pour les inhumer dans un autre lieu, ou choisir de les conserver sur place » dans ce futur cimetière, a précisé la secrétaire d’État. « On aura un beau cimetière, à la hauteur de leur souffrance, avec un mémorial. »

Un « cimetière sauvage » révélé grâce à des fouilles

Français musulmans majoritairement recrutés comme auxiliaires de l’armée française pendant la guerre d’indépendance algérienne, les harkis avaient été abandonnés par la France à la fin du conflit. Après avoir fui les représailles en Algérie, des dizaines de milliers d’entre eux et leurs familles avaient été parqués en France, dans des camps gérés par l’armée, aux conditions de vie déplorables, marquées par une surmortalité infantile.

A Saint-Maurice l’Ardoise, des dizaines de bébés avaient été enterrés sans sépultures décentes par leurs proches ou par des militaires. Ce « cimetière sauvage » est sorti de l’oubli le 20 mars, localisé par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Ces fouilles avaient été décidées par l’État après la révélation de l’existence de ce cimetière dans une enquête de l’AFP, et le travail inlassable d’associations locales.