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Festival de Cannes : Catherine Corsini tente de désamorcer les rumeurs sur le tournage de son film « Le Retour »

On sait ce que de telles rumeurs peuvent coûter à des films ou à leurs réalisateurs. Abdellatif Kéchiche depuis La Vie d’Adèle ou Valeria Bruni-Tedeschi après Les Amandiers, en savent quelque chose. Après les attaques dont son dernier film Le retour fait l’objet depuis plusieurs semaines, Catherine Corsini avait fait profil bas. Le fait que le Festival de Cannes annonce que Le retour figurera bien en compétition, après les vérifications demandées par le conseil d’administration, ont incité Catherine Corsini et sa productrice Elisabeth Perez, à monter au créneau. Le film sera exposé, autant se découvrir et contre-attaquer. Ce qu’elles ont fait dans un communiqué.

« Stoppons là les fantasmes ! »

Objectif : désamorcer les soupçons de harcèlement et les irrégularités concernant une scène explicitement sexuelle (de masturbation) mais simulée, impliquant une actrice de moins de 16 ans. « Stoppons là les fantasmes ! Les adolescents étaient habillés et la scène est filmée sur les visages. Il n’y avait ni attouchement ni contact inapproprié entre eux deux, soulignent Catherine Corsini et Elisabeth Perez. La seule irrégularité qu’elles affirment avoir très tôt reconnue, c’est « un manquement administratif » : la scène, qui risquait de ne pas être conservée dans le montage final, n’a pas été déclarée et n’a donc pas pu être visée par la Commission des enfants du spectacle. C’est cette absence de déclaration qui a privé le film de l’aide financière de 680.000 euros du Centre national du cinéma, sur son budget total de 4,7 millions d’euros.

Esther Gohourou, qui avait 15 ans et demi lors du tournage, s’est jointe au communiqué de la production du film. La jeune comédienne déclare vouloir « mettre fin à cette histoire » en précisant avoir refusé, comme son partenaire de 17 ans, des doublures et un coach d’intimité proposé par la cinéaste. « On savait ce qu’on allait devoir tourner, qu’on ne verrait que les visages et qu’on n’aurait pas à se toucher en vrai. Et c’est ce qui s’est passé. Certaines personnes ont appelé l’assistante sociale du lycée pour dire des choses qui n’avait rien à voir avec ce qui s’est passé », conclut-elle. « Harold (l’autre jeune comédien) va bien et je vais bien. »

« Contre toute forme de violence et harcèlement »

Autres mises en cause, des soupçons de harcèlement sur le tournage rapportés par Le Parisien et Télérama. « Des mails anonymes et diffamatoires ont été envoyés à toute la profession et à la presse, contribuant à créer une rumeur extraordinairement dommageable pour le film. Il est heureux que le plus grand festival du monde ait pris le temps d’en vérifier minutieusement la véracité », déclarent Catherine Corsini et sa productrice. « Il n’y a aucune plainte déposée d’aucune sorte (…). Nous avons toujours été engagées contre toute forme de violence et harcèlement sur les tournages, nous ne les minimisons pas, nous avons été impliquées dès les premières réunions du 50/50. Deux signalements pour gestes présumés inappropriés mettant en cause deux techniciens du film ont donné lieu à des enquêtes internes, transmises au CCHSCT, qu’Elisabeth Perez, en tant que responsable de CHAZ Productions, a mené avec la référente harcèlement du tournage. Le CCHSCT a pu en constater la bonne forme », souligne Catherine Corsini dans son communiqué.

Denis Podalydès, qui joue un des personnages du film déplore de son côté les amalgames. « Comment mettre sur le même plan un accident survenu au matin d’une nuit de tournage, la problématique d’une scène intime entre deux adolescents qui n’a pas été visée par la commission des enfants du spectacle, l’attitude d’un cascadeur vécue et interprétée comme indécente et les revendications d’une partie de l’équipe. L’addition de ces faits, en réalité hétérogènes, suggère que la responsable est Catherine, dont la tyrannie, la sécheresse de cœur, le cynisme seraient manifestes et prouvés. Quelle absurdité. Catherine est à l’opposé d’un tel portrait. (…) Je ne la défends pas par raison clanique ou parce que nous partagerions des intérêts. Je suis simplement révolté par la malveillance incroyable qui soudain s’abat sur elle. » Et que ce communiqué, à quelque jour du début du Festival de Cannes, tente autant que possible d’atténuer.