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Egypte : un journaliste d’Al-Jazeera libéré en plein réchauffement des relations avec le Qatar

Il a passé près de quatre ans en détention provisoire. L’Egypte a libéré dimanche Hisham Abdelaziz, un journaliste de la chaîne qatari Al-Jazeera a annoncé cette dernière sur Twitter. Cet épilogue intervient à un moment où les relations diplomatiques se réchauffent entre d’un côté l’Egypte, Bahreïn, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, et de l’autre le Qatar, accusé jusqu’à il y a peu, malgré ses démentis, de soutenir les groupes extrémistes et d’utiliser ses médias pour créer des dissensions régionales.

De nationalité égyptienne, Hisham Abdelaziz avait été arrêté en juin 2019 lors d’une visite à sa famille en Egypte, la Sûreté d’Etat égyptienne l’accusant d’ « appartenance à un groupe terroriste » et de « diffusion de fausses informations », selon l’Association pour la liberté de pensée et d’expression (AFTE) en Egypte. Ces accusations sont régulièrement utilisées par les régimes de la région pour emprisonner les journalistes critiques et les militants des droits humains.

Encore deux journalistes de la chaîne emprisonnés

En septembre 2022, Le Caire avait déjà libéré Ahmed Al-Najdi, un autre journaliste d’Al-Jazeera. Mais le pays détient toujours deux autres reporters du groupe qatari, Bahaa El-Din Ibrahim et Rabie El-Sheikh, tous deux accusés des mêmes délits.

Plongée dans une profonde crise économique, l’Egypte s’est considérablement rapprochée du Qatar, richissime émirat gazier du Golfe qu’elle vouait jadis aux gémonies. En septembre 2021, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s’est rendu à Doha pour assister, aux côtés de l’émir du Qatar Tamim ben Hamad Al-Thani, à la signature de plusieurs protocoles d’accord d’investissement et de développement.

L’Egypte est régulièrement montrée du doigt pour son bilan des droits humains, avec plus de 60.000 détenus d’opinion, souvent accusés de « diffusion de fausses informations », selon des ONG internationales. L’ONG Reporters sans frontières (RSF) classe d’ailleurs le pays à la 168e sur 180 sur la liste de la liberté de la presse, estimant que le pluralisme y est « quasiment nul » et que « les médias indépendants sont censurés ».