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Coachella : Pourquoi le festival progressiste est régulièrement égratigné par des accusations d’homophobie

Coachella, chaque année, c’est « the place to be », le festival américain à ne pas manquer. C’est aussi le lieu où se montrer pour les célébrités et influenceurs. Et pour les artistes qui ont l’occasion de s’y produire, c’est une opportunité en or. Cette année encore, l’édition du festival qui se veut progressiste, semble avoir été un franc succès. Mais ce décor idyllique est égratigné par des accusations d’homophobie.

La présence de la chanteuse belge Angèle, qui a fait son coming-out il y a plusieurs années déjà, a d’ailleurs interrogé certains internautes. Bien qu’il soit difficile de refuser Coachella, les fans n’ont pas tous apprécié le passage de l’artiste pourtant généralement très engagée sur les thématiques féministes et LGBT+. « Oser se présenter à un événement ouvertement homophobe, c’est un peu gros non ? », a commenté une fan. La chanteuse a d’ailleurs porté un drapeau LGBT lors de sa performance, mais certains y ont vu une marque d’hypocrisie. Seule une minorité a salué ce geste de résistance.

Des millions d’euros dans les poches des anti-LGBT

Cette accusation d’homophobie envers le festival vise en réalité son propriétaire, Philip Anschutz. Il est un milliardaire très conservateur dont la réputation est totalement opposée à l’image très progressiste de l’événement. Les médias américains disent de lui qu’il fait la pluie et le beau temps sur Los Angeles. Il possède le stade « Crypto.com Arena » et les prestigieuses équipes qui y sont basées, comme les Los Angeles Lakers en basket-ball, les Los Angeles Kings en hockey. Son empire s’étale également un peu partout dans le monde.

En 2016, celui qui restait jusqu’alors dans l’ombre se retrouve projeté sur le devant de la scène. Une infographie de Freedom for all Americans, une campagne bipartisane de soutien aux LGBT+, relayée ensuite par le célèbre journal The Washington Post, fait état de ses nombreux dons. Parmi les bénéficiaires du soutien financier d’Anschutz, se trouvent l’Alliance Defending Freedom (ADF), la National Christian Charitable Foundation et la Family Research Council. Toutes des organisations connues pour mener ­campagne en faveur de la promulgation de lois ­anti-LGBT à travers trente-quatre Etats du pays. L’ADF a par exemple associé « le fait d’être LGBT à l’inceste et à la bestialité ».

En janvier 2017, la revue The Fader annonce que le businessman a donné près d’un million de dollars aux conservateurs actifs durant la campagne de 2016. Une nouvelle qui a très peu étonné puisque Philip Anschutz n’est autre qu’un proche de Donald Trump.

Pro armes à feu, anti-avortement… Philip Anschutz a le chic pour choisir ses combats

Une fois ces différentes donations révélées, Philip Anschutz a subi les foudres d’une partie du public, le boycott de quelques célébrités et les griefs de ses propres collaborateurs. Paul Tollett, organisateur et cofondateur de Coachella, déclarait en 2017 : « L’image du festival est ternie, et moi je suis offensé. » Sous pression, le milliardaire a fini par prendre la parole pour plaider l’étourderie, accompagnant cela d’un don de 1 million de dollars à l’association d’Elton John, qui lutte pour la protection des minorités sexuelles.

Pourtant, il a de nouveau été épinglé, seulement quelques mois plus tard, pour d’autres dons importants à des structures évangéliques encourageant la discrimination LGBT. Comme l’Université chrétienne du Colorado, dont la charte prévoit que « nul ne doit enseigner, défendre, soutenir ou excuser l’homosexualité ».

Mais les dons aux associations anti-LGBT sont loin d’être les seuls qui poussent certains au boycott du festival. L’homme est également accusé d’avoir financé des associations se positionnant contre l’avortement, en faveur des armes à feu, ainsi que climatosceptiques. Depuis quelques années, la polémique a donné naissance au hashtag #NoCoachella sur les réseaux sociaux.