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Aux Emirats, la mort d’un Libanais en prison inquiète Amnesty International

Une mort aussi triste que suspecte. Aux Emirats arabes unis, un Libanais récemment arrêté est finalement mort en détention le 4 mai dernier. D’autres Libanais, en majorité musulmans chiites, ont été arrêtés et parfois condamnés ces dernières années pour des liens présumés avec le mouvement chiite du Hezbollah, considéré comme « terroriste » par des pays du Golfe.

Ghazi Ezzeddine, la cinquantaine, avait été arrêté le 22 mars avec ses deux frères, a indiqué Sima Watling d’Amnesty International. Dix autres Libanais chiites avaient été arrêtés au cours du seul mois de mars sans aucune charge. Toujours d’après Sima Watling, les autorités n’ont averti la famille que cinq jours après le décès, lorsqu’elles ont demandé à son fils de venir l’identifier.

La véritable cause du décès dissimulée ?

« Il semble très suspect que les Emirats aient permis à son fils d’identifier le corps de son père en lui montrant seulement son visage. Ils ont refusé de remettre le corps à la famille pour qu’il soit rapatrié, et l’ont enterré eux-mêmes », a ajouté Sima Watling. Elle a précisé que Ghazi Ezzeddine, qui vivait depuis une trentaine d’années aux Emirats, avait été inhumé en présence de son fils et de ses deux frères, qui ont été relâchés par la suite mais interdits de voyage.

La militante d’Amnesty a estimé que les autorités émiraties tentaient probablement de « dissimuler la véritable cause du décès » et « d’entourer l’affaire de mystère », soulignant qu’il n’y avait pas eu d’autopsie. Sima Watling a appelé les Emirats à « lancer une enquête indépendante et impartiale » sur la mort du détenu, et à relâcher les autres personnes arrêtées. Les autorités émiraties n’ont pas publié de déclaration sur cette affaire et le ministère des Affaires étrangères n’a pas répondu dans l’immédiat à une demande de commentaire.

Un peuple ciblé

Les Libanais vivant dans les monarchies du Golfe se sont parfois retrouvés au cœur des tensions régionales et du bras de fer entre les monarchies sunnites du Golfe et l’Iran chiite.

En mai 2019, Amnesty avait fait état de peines de prison pour trois Libanais accusés aux Emirats d’avoir formé une « cellule terroriste » et « planifié des attaques » sur ordre du Hezbollah. En février 2021, une dizaine de Libanais détenus aux Emirats avaient été libérés grâce à une médiation menée par le Liban.