Belgique

“Vous avez plus de 50 ans? Désolé, je ne peux pas vous soigner”: les nouveaux quotas imposés par l’Inami aux médecins ne passent pas

guillement

C’est une politique qui n’est pas basée sur la réalité individuelle du patient »

Concrètement, sur 100 opérations, chaque médecin ne pourra ainsi en effectuer que 45 sur des patients âgés de plus de 50 ans, le tout d’après la nouvelle mesure. Derrière cette nouveauté se cache une volonté de l’Inami de restreindre ces actes, elle estime en effet que les Belges abusent des opérations aux genoux. Des interventions coûteuses et qui ne seraient pas toujours nécessaires ou efficaces.

Une “chasse aux Pokémon” dans les soins

Une telle opération coûte en effet près de 800 euros à l’État, selon l’Inami. En 2018, plus de 20.000 personnes de plus de 50 ans ont subi une chirurgie exploratoire du genou.

L’assurance soins de santé et indemnités met en place des indicateurs pour réduire l’utilisation inefficace de cette opération et explique que, chez les patients de moins de plus de 50 ans, il s’agit principalement de lésions dégénératives pour lesquelles l’arthroscopie n’apporte pas de bénéfices immédiats.

“Cette logique comptable du ministre Vandenbroucke est une ineptie, déplore Catherine Fonck, cheffe de groupe “Les Engagés” et médecin de profession. Recommander les bonnes pratiques en la matière est une chose mais qu’un chirurgien orthopédiste ne puisse opérer qu’au-delà de 50 ans s’il opère au moins 55 % de jeunes en est une autre. S’il est vrai que certaines chirurgies sur des genoux dégénératifs, bien souvent souffrant d’arthroses, montrent qu’elles n’ont pas toujours d’avantage ou de plus values d’après les recommandations scientifiques, ce n’est pas le cas pour chaque patient”.

Dans le secteur des soins, les orthopédistes craignent “une chasse aux Pokémon”. “On va devoir s’échanger les patients comme on s’échange des cartes Pokémon, redoute ce spécialiste bruxellois. Il va falloir mettre en place un troc de patients et s’échanger son patient de plus de 50 ans contre un jeune. Ou alors encore pire, devoir dire à son patient de revenir l’année prochaine car ce ne sera pas possible de le prendre en charge cette année”.

Face à cette situation, Catherine Fonck va interpeller le ministre de la santé à la Chambre. “Ce qui me pose problème, c’est que le ministre soit dans une approche d’économie, regrette-t-elle. Imposer un quota au niveau de l’âge à un orthopédiste cela veut dire qu’un patient de 51 ans qui arrive au mois de septembre et qui n’a pas d’arthrose au genou ne sera pas pris en charge ou pas remboursé. C’est donc une politique qui n’est pas basée sur la réalité individuelle des patients. Si par manque de chance, son quota est dépassé, le chirurgien devra reporter son opération, c’est un non-sens total et ce n’est pas une bonne médecine que de se baser sur des quotas d’âge pour opérer. C’est d’autant plus vrai que si on s’en tient aux recommandations scientifiques qui impliquent de tenir en compte la situation personnelle de chaque patient. A contrario, un patient de 49 ans en situation d’arthrose pourra lui se faire soigner quand même pour cette méniscectomie”.